page suivante »
488 LES ARTISTES LYONNAIS A PARIS. vines, ont-elles posé, dans l'ordre des arts, les colonnes d'Hercule du genre humain ? Ce serait soulever un monde que d'aborder une pareille question. Énonçons seulement le fait et disons que jeter l'anathème à l'art antique , c'est jeter l'anathème à la nature tout entière, à tout ce qui est forme, couleur, sensation, aux fleurs, aux horizons, au corps h u - main lui-môme , c'est-à -dire à tout ce qui sert de véhicule, d'intermédiaire à la Beauté éternelle , à tout ce qui est la condition permanente , inévitable de sa manifestation en ce monde. Je ne sais plus qui a dit que tout ce qui est beau est religieux. En effet, tout ce qui est beau participe d'un reflet divin et en ce sens tient des choses religieuses. L'art antique, l'art primitif surtout, n'est donc séparé que d'un doigt de l'art chrétien. La différence n'est pas dans le choix de la forme ; elle est toute dans l'inspiration , l'idée, le sentiment, dans toute cette sphère d'émotions nouvelles qu'a révélées le Christianisme. Le Christianisme dans l'art ne résulte certes pas de l'appauvrissement des formes, comme l'ont cru cer- tains peintres de notre temps, ni de l'usage exclusif de cer- tains types, ni de la symétrie rigoureuse de la composition, ni de cette naïveté si peu sincère, qui ressemble à la grâce des maîtres du moyen-âge, comme un homme qui dans la maturité de son âge, aurait la folie de revêtir le bourrelet et le maillot ressemblerait au bel enfant rose qui joue et se roule sur le gazon. 11 y a plus, la défectuosité de la forme a pour conséquence nécessaire l'oblitération de l'idée, de môme que les ondulations d'une glace mal coulée ont pour conséquence la brisure des rayons lumineux qui la frappent et la difformité de l'image qui s'y trace à nos yeux. Le mérite de M. Flandrin est d'avoir compris celte har- monie entre la pensée élevée, chrétienne, sanctifiante, et la forme puissante, belle et antique. De là vient que, dans son œuvre, celte beauté physique apparaît, comme dans certains