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364                     F.-Z. COLLOMBET.
note. Les journaux et les revues lui étaient d'un grand secours
pour le mettre sur la route des opinions, des erreurs en vogue ;
il les suivait de la sorte pas à pas, et il n'avait garde de les
perdre de vue. Chaque jour il allait au café, et pendant qu'un
verre d'eau sucrée restait posé devant lui, il parcourait d'un œil
attentif et rapide les feuilles de la capitale et de la province , et
son infatigable crayon ne cessait d'enregistrer des réflexions et
des faits. La préface de l'Histoire de la suppression des Jésuites
a été composée sur des renseignements recueillis de cette ma-
nière. Ces papiers épars étaient à"u retour soigneusement classés
dans des cartables divers, et bientôt chacun de ces cartables ren-
fermait les éléments d'un livre. Grâce à une telle méthode sans
cesse appliquée à toutes sortes de sujets, Collombet avait ac-
quis une érudition aussi profonde qu'étendue et variée.
    Et puis la facilité de travail chez lui était miraculeuse. Avait-
il une fois conçu le plan, recueilli et ordonné les matériaux d'un
livre? la rédaction ne lui coûtait rien. Jamais il ne retouchait ;
tout ce qu'il a écrit, il l'a fait d'un seul jet; rarement il lui
arrivait de briser une page. On peut dire qu'il ne connaissait pas
les douleurs de l'enfantement. On ne le voyait pas appuyer le
front sur sa main, se promener dans sa chambre pour solliciter
l'idée ou chercher une expression ; immobile à son secrétaire,
il écrivait, et les pensées se déroulaient sans interruption au
vol de la plume ; la phrase les suivait, sans jamais rester en ar-
rière, et rien n'y manquait, ni la correction, ni l'élégance.
    Mais cette extrême facilité qui dispense du travail nuisait un
peu à Collombet. Tous ses ouvrages sont bons ; aucun n'est
parfait ; si bien qu'il fasse, on sent, à la richesse du fond, qu'il
aurait pu faire mieux encore. En général, le tissu de sa compo-
sition manque de nerf et de corps; il est uni, égal, flatteur pour
l'œil, mais point assez serré. Pourtant, dans les morceaux écrits
de verve et où l'inspiration se fait sentir, l'énergie et la conci-
sion arrivent comme naturellement, le ton de l'auteur alors de-
 vient mâle et atteint quelquefois à l'éloquence.
    Collombet n'avait pas ce qu'on appelle du génie, ses plans
 n'accusent pas de création originale, sa pensée ne s'élève ja-