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324                         FRÉDÉRIC OZANAM.
avait relevé la partie scientifique de son sujet par un style déjà
remarquable, et, en croyant n'étudier que le poème de Dante,
on se trouvait tout à coup initié à la philosophie catholique du
treizième siècle.
   Ce livre parut en 1839 ; il eut les honneurs de la traduction
en allemand, et l'Italie le fit passer deux fois dans l'idiome du
poète dont il approfondissait les doctrines.
   Le volume de Dante et la Philosophie catholique au xm e siè-
cle, ne tarda pas à être réimprimé en France. L'auteur y ajouta
comme appendice, en 1845, des Etudes sur les sources poéti-
ques de la divine Comédie. Mais ces recherches mêmes lui in-
spiraient un certain scrupule, et il écrivait alors à Lyon :
   « Quant aux descentes aux enfers , dans la Bible, j'avoue que je me suis
borné à citer le ravissement de saint Paul et la vision de saint Jean en peu
de mots, de crainte de rapprocher trop le profane et le sacré, ce qui est
affaire de littérature et ce qui est matière de foi. Vous trouverez peut-être
un peu de timidité dans mon fait. Cependant de bons esprits ont paru
craindre que mon travail ne donnât occasion de confondre les traditions
respectables de la vie des saints avec les fables mythologiques. Pour moi,
rien ne m'affligerait plus que de scandaliser qui que ce fût. Si j'attache quel-
que prix à mon livre, c'est surtout en tant qu'il peut servir à rétablir l'or-
thodoxie de Dante et à revendiquer la gloire encore méconnue des grands
siècles catholiques. Tout mon orgueil, si Dieu me prêtait vie , force et lu-
mière, serait de militer sous le drapeau de cette cause... »

  Et, comme on lui avait parlé d'un livre qui pourrait servir de
pendant à son premier volume, Ozanam ajoutait :
    « Vous indiquez, en peu de lignes, le sujet d'un travail bien instructif :
    <
ce serait lu Divine Comédie après Dante, ce serait ia peinture de l'enfer chez
les écrivains chrétiens qui l'ont suivi, jusqu'à sainte Térèse, jusqu'à l'ad-
mirable épisode du Téléniaque. On pourrait faire aussi une belle histoire de
l'influence de Dante sur les poètes venus après lui. A la suite deFazio degli
Uberti viendrait Pétrarque pour ses Triomphes, puis l'evêque Frezzi avec sa
grande composition du Quadrireyio. On verrait, dans les discours du Tasse
sur le poème héroïque, les obligations qu'il avait à son glorieux prédécesseur.
Dans ce récit d'Olinde et de Sophronie, je reconnais un souvenir de Dante
et de Béatrice. L'inspiration platonique a rempli toute la poésie italienne. »