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34 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. l'Argentière dans l'Ardêche , dont l'intégrité traditionnelle , les mœurs sévères constituaient une des forces vitales de l'ancienne société française. Sa mère appartenait à l'une de ces familles honorables qu'on trouve en si grand nombre dans le haut commerce de Lyon. Jean-Pierre Suchet père, qui se sentait du penchant pour les affaires, vint se fixer à Lyon, et y créa une manufac- ture de soierie , très-modeste d'abord , mais qui bientôt prit de grands accroissements , et étendit au loin ses relations. Il trouva en lui seul ce que tant d'autres ne trouvent que dans la position de leur père ou dans l'obligeance de leurs amis. Étranger à Lyon , éloigné de sa famille , avec des ressources pécuniaires bien faibles, il ne puisa sa force qu'en lui-même. Son intelligence féconde sut inventer chaque année ces fins et riches tissus par lesquels se fait admirer l'industrie lyonnaise. C'est ainsi qu'il devint un manufac- turier très-habile et très-considéré pour ses utiles découvertes. Il avait étudié pendant plusieurs années les principes et les théories de sa profession. Il ne tarda pas à porter ses affaires au plus haut point de prospérité , et à jeter dans sa ville d'adoption les fondements de sa réputation de né- gociant. Sa loyauté et sa probité devinrent proverbiales. Il se vit bientôt en relation avec les premières maisons de la ville ; et cette connaissance le mit dans la cas de s'allier à l'une des familles les plus respectables et les plus honorées de la cité. La jeune fille qu'il épousa était une des plus belles personnes de son temps. Le ciel ne tarda pas à ré- pandre ses bénédictions sur ce mariage , en donnant à ces jeunes époux deux fils : Mordon-Gabricl-Catherine , et Louis-Gabriel, le héros que nous célébrons. Jean-Pierre Suchet et Louis Jacquier eurent cela de commun que l'un et l'autre n'eurent jamais l'intérêt pour mobile de leurs actions et de leurs travaux. On pourrait cites1