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M ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. qui lui avaient été opposées, conclu les traités les plus avan- tageux , déjoué les ruses des négociateurs les plus habiles, créé, organisé des états; cet homme qui devait exercer une si grande influence sur sa patrie, était Bonaparte. Il mar- chait insensiblement vers le trône, et allait devenir peu à peu Napoléon. Il faut ordinairement qu'à la suite de ces grandes crises politiques, survienne un personnage extraordinaire, qui par le seul ascendant de sa gloire comprime l'audace de tous les partis, et ramène l'ordre au sein de la confusion. Il faut, si j'ose le dire, qu'il ressemble à ce Dieu de la fable , à ce souverain des vents et des mers, qui, lorsqu'il élevait son front sur les flots, réduisait au silence toutes les tempêtes soulevées. Tel fut l'homme extraordinaire qui reçut du ciel le nom de Napoléon ! Il fit taire les rugissements des passions populaires, au milieu du fracas des armes et des chants de la victoire. II entreprit contre la licence des partis une lutte non moins pénible et non moins glorieuse. Il faut convenir que les armées françaises triomphèrent parce que tous les rangs brûlaient d'un amour ardent pour la patrie, amour devant lequel tout autre sentiment s'effaçait. C'est en invoquant le nom sacré de la patrie que nos batail- lons se précipitaient sur les bataillons ennemis et supportaient sans murmure les privations de tous genres. L'écho lointain des déchirements des partis n'arrivait qu'affaibli à leurs oreil- les, et le bruit du canon étouffait les gémissements des victi- mes de l'échafaud, victimes trop fières d'ailleurs et trop fa- talement résignées pour solliciter la pitié. Une école tristement célèbre, démentie par les chroniques, les traditions, les mémoires, les rapports des généraux de la République ; cette école , qui n'a puisé ses inspirations que dans les déclamations de Barrère et dans celles des clubs du temps, a voulu déifier la Terreur et l'a représentée comme