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                      BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                             'S39
   Depuis que les pouvoirs nationaux s'élevant à l'idée de leur mission, oui
compris qu'ils ne sont pas institues dans un but de jouissance ou d'ambition
personnelle, mais pour être les curateurs et les bienfaiteurs des peuples,
depuis surtout que les idées chrétiennes ont pénétré dans la science sociale,
une des tâches acceptées de l'administration publique a été de remédier
autant que possible à ces misères sociales qui naissent de l'imperfection de
la condition humaine. La Convention nationale de France, en mettant sous
la protection et la garantie de l'État, l'institution fondée, à force de charité,
par l'abbé de L'Épée, consacra en principe que l'éducation des sourds-muets
était placée au nombre des charges publiques, et décréta la création des
écoles qu'on jugeait alors suffisantes. Un autre gouvernement, poussé par
le sentiment chrétien, quoique despotique, le roi de Danemark a décrété :
« que tout enfant sourd-muet, né dans ses états, recevra l'éducation néces-
saire pour en faire un membre utile de la société. »
   Toutefois, il s'en faut de beaucoup que le principe adopté ail reçu sa
réalisation complète. En France, suivant l'exposé de M. Hubert-Valleroux,
les choses en sont encore à peu près au point où les avait placées le décret
de la Convention nationale. Or, par l'effet d'une statistique fautive, on
croyait que le nombre des sourds-muets, en France, était d'environ quatre
mille : les documents qui nous sont donnés par M. Hubert-Valleroux por-
tent ce nombre à près de trente mille. Il n'y aurait donc que la très-petite mi-
norité des enfants atteints de cette infirmité qui seraient appelés au bienfait
de l'éducation dans les écoles qui leur sont destinées. Or, comme les mé-
thodes artificielles, seules applicables aux sourds-muets, ne peuvent être
pratiquées dans l'éducation privée, la plus grande partie resterait dans
l'abrutissement natif, êtres doués d'une âme capable d'entrer dans la com-
munion des intelligences, des affections, des secours mutuels, et dans la
réciprocité des droits et des devoirs. Mais la porte qui tient ces âmes closes
n'a point été ouverte, et elles restent, ces pauvres créatures , des germes
immatériels et immortels comme nous, mais non développés, par la crimi-
nelle indifférence de leurs semblables.
   Les subventions au moyen desquelles est élevé ce trop petit nombre de
sourds-muets, consistent: 1° dans une allocation annuelle et variable du
budget de l'Etat ; 2" dans les allocations locales votées par les départe -
ments ; mais comme celles-ci sont classées au nombre des dépenses fa-
cultatives , la parcimonie des Conseils généraux a non-seulement empêché
de nouveaux établissements de se former , mais a réduit ceux qui existent
à un état précaire qui enchaîne leurs progrès. Sourds aux exhortations
de plusieurs ministres , un certain nombre de départements ont refusé