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              ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.                  115

heureux , pour vaincre de nouvelles difficultés , on allait tout
attendre de ce génie extraordinaire. Le public habitué à la
guerre, habitué surtout sous cettiaîlre tout puissant à dormir
au bruit du canon , dont les échos lointains ne faisaient que
présager des victoires, demeurait tranquille et confiant, mal-
gré tout ce qu'avait de triste , de sinistre môme , cetlte guerre
entreprise au delà des Pyrénées, contre l'irritation et l'en-
thousiasme d'une nation entière, contre un peuple notre al-
lié qui redemandait en vain, à la face du monde civilisé, son
roi, son gouvernement et son repos. On flottait ainsi entre la
crainte, l'espérance et l'orgueil satisfait.
    Toutefois si l'Empereur allait être presque toujours absent
d'Espagne, pendant la lutte, son esprit devait y être présent.
Son âme énergique y remplaça sa personne, et il est impossible
de lire les instructions qu'il adressait à ses lieutenants pendant
cette période orageuse, sans être frappé du calme héroïque
qu'il conservait pendant tant d'alarmes, si lointaines et si
menaçantes, et qu'il communiquait en l'éprouvant.
    Ce fut au milieu de ces graves préoccupations que le géné-
ral Suchet, après quelques mois d'un repos fortuné, se vit ap-
pelé par l'Empereur à porter la fortune de ses armes en Es-
pagne. II allait montrer ses drapeaux triomphants , au-delà
des Pyrénées et illustrer de nouveau son nom dans la mé-
morable campagne de Catalogne et de Valence. Mais il allait
entrer aussi dans celle carrière de luttes, de succès chère-
ment achetés et de revers occupant les dernières années de
l'Empire. Une réflexion déjà se présente: ce qu'on vient de
voir faire à ce grand capitaine dans ses campagnes, se renou-
vellera exactement dans toutes les époques suivantes : tou-
jours il débuta vivement, brillamment, mêlant la prudence à la
bravoure, dans sa vie : discipline, subordination, religion, pa-
 trie. Celte belle terre d'Espagne ne put pas se montrer aride
pour lui. Sa vaillante armée y cueillit des lauriers avecabon-