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446          NOTICE SUK SAINT-RAMBËRT-DE-JOUX.
siale. Certes , il est difficile de rencontrer une basilique moins
monumentale ; eh bien ! son élévation au-dessus de la route, le
mouvement de ses toitures , les angles nombreux de ses chapel-
les, ses porches, son étroit cimetière, son lourd clocher lui-même,
sauf le dôme, sont ici autant de détails utiles d'un ensemble pit-
toresque. Tout cela est lié admirablement aux maisons de la
ville, au pont rustique de l'Albarine. Soit en face, soit de profil,
notre pauvre temple est encore d'un grand intérêt par ses for-
 mes générales et par sa position excentrique, à l'ouverture d'un
vallon mystérieux. Les escarpements verticaux qui le flanquent
laissent toujours tomber sur lui leur ombre et les guirlandes de
leurs buissons ; le vieux château ou plutôt les pans de tours re-
tenus par le lierre, semblent, comme par le passé, veiller sur lui
du haut de leurs pyramides de rochers ; enfin les montagnes sé-
vères, quoique verdoyantes, qui le ceignent à des distances va-
riées, cadencent encore derrière ses murs leurs arêtes poussines-
ques et leurs contreforts savamment ondoyants. Mais , nous l'a-
vons dit, le goût de notre époque n'est plus celui du moyen-âge.
Tout le mal qu'on pouvait faire à ce tableau , voilà que l'homme
le tente. Les formes que nos aïeux avaient trouvées riches de
grâce et de convenance, sont devenues insuffisantes à notre or-
gueil. Les débris du château disparaissent peu à peu, sans con-
 trôle , sous la main démolisseuse des enfants ; les arbres mous-
 sus sont coupés, la mine ébranle les rocs et renverse les rem-
 parts ; aux antiques forêts succèdent de maigres champs de cé-
 réales que les pluies à leur tour ne tarderont pas à détruire.
 En revanche, des pavillons plus ou moins chinois, mais égale-
 ment absurdes de forme et de couleur, remplacent les naïfs
 grangeons où nos pères venaient chercher la gaîté. Le mauvais
 goût, lèpre endémique de toute population exclusivement bouti-
 quière, la manie de l'imitation, cette autre maladie honteuse
 née de la suffisance et de l'incapacité, voilà ce qui peuple le voi-
 sinage des villes grandes et petites de tant de constructions baro-
 ques, proclamées charmantes par leurs propriétaires ; et, il faut le
 dire, c'est presque toujours à l'amour-propre de l'homme aisé
 qu'on en doit la première idée. C'est le conservateur naturel des