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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 39 rique. Pendant la durée de ses études, les plaisirs de la fa- mille appelaient régulièrement , le jeudi et le dimanche de" chaque semaine, le jeune Suchet , en même temps que son frère, à la villa la Mignone. Les scènes joyeuses de la vie intime se renouvelaient alors dans cette charmante re- traite. C'est là que s'écoulèrent ses premières années au sein d'une des familles privilégiées qui sont comme des sanctuaires où ne pénètrent que les nobles pensées. D'au- tres ont fourni à l'Etal des savants, des magistrats et des ar- tistes ; celle-ci lui promettait un grand capitaine. Toutefois le jeune Suchel allait se préparer, par l'étude des affaires de commerce, à succéder à son père. Mais, plus tard, il de- vait prendre sa place dans un rang plus distingué , car en même temps il voulait êlre soldat ; il rêvait encore l'at- trait des batailles ; tous les dangers allaient plaire à son courage. Suchet atteignit ainsi l'âge de dix-sept ans. Dès qu'il eut fini ses exercices de collège, son père qui le desti- nait à soutenir un jour son brillant commerce, lui fit ap- prendre la théorie de la fabrication des soies. Les excel- lentes dispositions de ce jeune fils firent espérer à sa famille qu'il répondrait comme il le devait à ses désirs. Son père à qui l'âge allait bientôt commander le repos, commen- çait à redouter le souci et les embarras du négoce. 11 eût été heureux de trouver dans ce fils chéri un digne continuateur. C'est pourquoi il mellail tous ses efforts à lui ouvrir la car- rière large et belle, et à l'y diriger. La crainte de déplaire à ce père plein de tendresse, fut le motif déterminant qui con- duisit le fils au fond des comptoirs paternels, alors établis dans la rue Clermont. Le jeune homme s'efforçait d'acquérir toutes les connaissances nécessaires pour se distinguer dans celte profession. Mais à peine deux ans s'étaient-ils écoulés que la famille eut la douleur de perdre ce chef vénéré, qu