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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 227 diverses périodes de sa vie. Souvenirs, récils, légendes populai- res, écho des clairons d'Auslerlitz, d'Iéna, de Wagram, d'Es- pagne,que vous êtes beaux à l'étranger, et que vous êtes peu, cependant, auprès de faction elle-même et de ses joies enivran- tes ! Que tout ce bruit du passé, qui nous enchante à écouter, doit languir pour qui a fait ce passé même! Ils faisaient, autre- fois, et aujourd'hui ils racontent ou ils entendent raconter ! naguère conquérants, naguère faiseurs et défaiseurs d'Etats, aujourd'hui voyageurs et curieux. C'est bien peu, encore une fois, mais que voulez-vous? L'Europe d'aujourd'hui ne com- porte pas plus. C'est en vain que tous ces hommes de guerre, saisis par la paix au milieu de leurs batailles, et jetés bon gré, malgré, frémissent comme le fer arraché au feu de la forge et plongé lout à coup dans l'eau froide. Les campagnes sont finies ; les voyages restent. On visile Vienne, Berlin, Madrid, Moscou, Constantinople, Alexandrie, mais on n'y accourt plus au galop de son cheval, à la têle d'une triomphante armée ; on n'y descend plus dans les palais conquis l'épée à la main. On arrive en chaise de poste , on descend à l'auberge et l'on paie l'hôte en parlant. La curiosité, en Europe , a remplacé l'ac- tion. On veut voir ce que deviendra le monde depuis que per- sonne ne se mêle plus de lui faire son sort à grands coups d'épée, et qu'il se fait tout seul par l'effet lent, mais sûr, des mœurs et des opinions. Quoi qu'il en soit, les deux volumes de Commentaires du maréchal Suchet, sont un véritable trésor de sagesse, de génie émînenl, de force et de couleur de style. Ils renferment les notes épiques du poème de la plus glorieuse partie de sa vie, comparables à celles de César par l'ampleur du récit, à Ta- cite par la sûreté du sens politique et l'idée civilisatrice. On se dit, après les avoir lus, que c'est par ses exemples et par ses œuvres qu'il a influé sur la civilisation et qu'il mérite une place à part parmi les hommes dont le nom a grandi le nom