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•ïi-2 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. en montre l'enchaînement logique cl irrésistible. C'est ainsi que les investigations peuvent devenir fécondes. Déjà , de nos jours, diverses périodes des vieux âges de la Péninsule ont été le sujet de savants aperçus en France , en Allemagne, en Angleterre, partout où on pense. Au-delà des Pyrénées même, les esprits se tournent vers cette voie: par un effort assurément nouveau sur cette terre où les Arabes ont laissé le fatalisme, ils s'informent, discernent, jugent avec soin. L'Espagne souffre des douleurs trop vives encore pour que toutes les éludes ne se rattachent pas à ses besoins actuels, à ses misères, et ne tendent pas à leur procurer quelque allé- gement. Il vient une heure dans les révolutions où c'est un travail utile de retracer sommairement leur histoire, de mon- trer l'idée féconde qui les a suscitées, en la dégageant des erreurs mêlées à elle ; préciser ainsi une situation, c'est tou- cher déjà à un avenir meilleur. La Péninsule est arrivée à cette heure décisive ; après avoir, pendant près d'un demi- siècle, dépensé son énergie en luttes de tout genre , veillé sans cesse en armes, lasse de bruils, de troubles, de soulève- ments , elle aspire au calme , à la paix dans laquelle seule- ment peuvent s'affermir ses institutions , se développer son commerce , établir d'une façon sûre ses rapports avec les autres pays, toutes choses qui constituent la puissance d'un peuple, et qui sont malheureusement encore à l'état de pro- blème chez nos voisins. Le style des Mémoires de Suchet a de l'énergie et de l'é- clat; il n'exclut pas le coloris, la beauté des images. On en jugera par le tableau suivant, qui peint bien l'Espagne : «Considérée géographiquement et physiquement, l'Espagne lient presque autant à l'Afrique qu'à l'Europe ; on ne peut en douter, quand sur la carte de la Méditerranée, à côté des péninsules de la Grèce et de l'Italie, on voit celle d'Espagne