page suivante »
258 PÉLOPONÈSE. grand nombre d'Infidèles qu'il immola. Les Grecs perdirent au plus une trentaine des leurs et s'emparèrent de deux mille che- vaux , de sept cents chameaux et de tous les bagages de l'en- nemi. Dans l'acropole d'Argos, comme dans celle d'Athènes et dans celle de Corinthe, on rencontre encore des crânes blanchis et des boulets rouilles gisant auprès de la brèche qu'ils ont ouverte. En descendant de la citadelle, je rencontrai à mi-hauteur le petit mo- nastère de Catechoumeni, bâti, selon de grandes probabilités, sur l'emplacement du temple de Junon Acrœa. Je pris ensuite le che- min de Mycènes et, à peu de distance d'Argos, je traversai l'ina- chus. Ce ne fut point une surprise pour moi de le trouver entière- ment desséché ; car, d'après les traditions mythologiques, il l'était déjà dès la plus haute antiquité. Un différend s'étant élevé entre Junon et Neptune, celui-ci, irrité d'avoir eu le dessous, tarit la source de ce fleuve dont les ondes étaient un bienfait pour le pays qu'elles baignaient, et le condamna à ne recevoir d'autres eaux que celles de la pluie et des torrents gonflés pendant l'hiver. IV. MYCÈNES. 11 pleuvait, ce jour-là , pour la première fois depuis mon arrivée en Grèce; aussi profitai-je d'un, instant où la pluie cessait pour m'acheminej" rapidement vers les ruines de la ville d'Agamemnon. C'est une sanglante et funeste histoire que celle des rois de Mycè- nes; les souvenirs que rappelle ce nom sont menaçants et sombres, et l'on ne peut se défendre d'une impression d'effroi en arrivant dans ces lieux, lorsqu'on songe aux tragiques aven- tures dont ils furent témoins. Persée, le fondateur de Mycènes, après avoir involontairement tué Acrisius au jeu du disque, bâtit cette ville à l'endroit où son épée, sortant tout à coup du four- reau, tomba par terre: sinistre présage, signe précurseur des infortunes, du sang répandu et des crimes qui devaient signaler