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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 125 grand que lui, c'est-a-dire à Napoléon. Puis il se rendit au palais du gouverneur de la province, où il donna audience à toutes les autorités publiques , tint un langage doux , rassu- rant, promit l'ordre de la part de ses soldats, à condition de l'ordre de la part des habitants ; promit aussi de respecter les personnes et les propriétés , comme le doivent faire des con- quérants civilisés et généreux. Suchet n'avait pas besoin de parler de la discipline : il ne fallait veiller avec lui qu'à la rendre moins sévère. Tous les habitants notables de la cité et un grand nombre de dames de haut rang vinrent le visiter. Il se fit en peu de temps de nombreux amis par sa franchise, son urbanité , sa générosité, son courage et le charme de ses manières. A quelque temps de là , le Maréchal compléta la conquête du royaume de Valence par la prise de Peniscola et de Deina, qui subirent le sort des autres places de ce royaume. Celle province se soumit sans obstacle et sans regrets, d'après la con- fiance qu'avaient communiquée aux habitants l'équité connue du vainqueur et le bon ordre qu'il venait d'établir dans l'A- ragon. Il savait également entretenir la discipline et l'émula- tion dans ses troupes par la justice avec laquelle , dans ses rapports, il rendait compte de la bonne conduite et de la bra- voure de ses officiers comme de ses soldats. Cet ensemble de nobles procédés et de talents du premier ordre , lui valut le titre de duc d'Albuféra. Napoléon , en élevant Suchet à cette dignité, accorda aux soldats de cette vaillante armée deux cent millions de dotation, par la mise en possession de ce riche domaine, situé dans le champ même de leurs victoires. Cette dotation fu! une véritable conquête que le souverain fran- çais ratifia, un trophée que sa munificence éleva à leur gloire. Le duc d'Albuféra joignit, le 8 avril suivant , le litre de gouverneur général d'Aragon, de Catalogne et de Valence à celui de général en chef de ces trois provinces. Il savait unir