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                  BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                    161
qui voudrait ainsi poser le dieu Terme dans le champ de la lit-
térature : depuis la Rhétorique d'Aristote et le Sublime de Longin,
il s'est fait un très grand nombre de traités de rhétorique, de po-
litique, &'éloquence, pourquoi cela? C'est qu'en effet, aucun de
ces traités n'est suffisant pour diriger l'esprit humain dans la re-
cherche du beau ; c'est que le caractère des littérateurs change
avec les époques ; c'est que si les règles sont immuables, l'appli-
cation en est infiniment mobile et capricieuse ; c'est que de nou^
veaux modèles viennent s'ajouter aux anciens; c'est que des for-
mes inconnues se révèlent,et qu'il faut nécessairement les examiner
pour les admettre ou pour les repousser. Et les controverses qui
surviennent ne forcent-elles pas sans cesse de revenir à la dis-
cussion des principes? La lutte entre les romantiques et les clas-
siques, est loin d'être terminée. Tout récemment n'a-t-on pas
mis en question s'il ne convenait pas de placer les Pères de
l'Eglise avant les écrivains profanes de l'antiquité? C'est surtout
dans les temps de décadence littéraire, comme celui où nous
vivons que des traités deviennent nécessaires pour signaler aux
jeunes humanistes les écueils nombreux que sèment sur leur
route des écrivains plus brillants que solides et retenir les es-
prits sur la pente qui les entraîne vers le mauvais goût.
   Un cours de littérature est donc toujours une chose à faire ?
Dans vingt ans peut-être, M. Collombet lui-même éprouvera encore
le besoin de remanier son propre ouvrage pour le mettre au ni-
veau de la littérature du moment. En attendant, le livre tel qu'il
nous le donne, mérite toute notre attention. L'auteur le divise en
deux sections ; la première expose les règles générales de la com-
position, la secondetraite delà politique.Sans doute on ne trouvera
point ici d'autres préceptes que ceux que l'on rencontre partout
ailleurs, mais on y trouvera ces préceptes exposés avec une net-
teté, une précision , une méthode peu communes. L'aridité qui
dégoûte, la diffusion qui ennuie, ont été habilement évitées ici,
la lecture de l'ouvrage entier est aussi agréable qu'instructive.
Les exemples qui accompagnent les préceptes, puisés tantôt dans
les écrivains anciens, tantôt dans les écrivains modernes et con-
temporains, sont bien choisis. Nulle part nous n'avons vu ce qui
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