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LES ARTISTES LYONNAIS A PARIS. 481 à l'extension de la spéculation, au développement de la r i - chesse , qu'à la grandeur morale d'un peuple et au rang qu'il occupe dans l'ordre intellectuel. La première chose dont j'ai à vous entretenir est la déco- ration peiule à l'église de S a i n t - V i n c e n t - d e - P a u l par M. HippolyteFlandrin. Je connaissais les peintures du môme artiste â Saint-Germain-des-Prés , à Paris, et, à Saint-Paul, de Nîmes, et je n'attendais rien d'inférieur à ces œuvres réel- lement magistrales. Mais mon attente a été de beaucoup dé- passée , et je ne crois pas trop dire en affirmant qu'après VApothéose d'Homère, par M. Ingres, la frise de Sainl- Vincenl-de-Paul est la plus belle œuvre monumentale qui ait é lé réalisée à notre époque. Nous pouvons constater ici que c'est à des artistes lyonnais qu'on doit les peintures religieuses les plus remarquables qui aient été exécutées à Paris. Ce sont, avec les travaux de M. Flandrin, les chapelles de MM. Orsel et Perrin à Nolre-Dame-de-Loret(e. C'est à peu près l'histoire de l'Eglise chrétienne tout en- tière qui se déroule , comme une panathénée céleste , sur les murailles de Saint-Vincent-de-Paul : au-dessous de l'orgue est la représentation d'un autel presque semblable aux tom- beaux des catacombes et sur lequel est placé le symbole du sacrifice nouveau, le calice renfermant le sang rédempteur ; ii droite et à gauche, saint-Pierre et saint Paul évangélisent les nations de l'Orient et de l'Occident ; sur les parois latérales s'étend la longue procession des saints et des saintes de l'Eglise du Christ ; à droite les hommes , à gauche les femmes. Tou- tefois , a ces dernières sont mêlés ceux qui, au sein de la fa- mille et avec elle, ont marché dans la voie de la sanctification. L'artiste n'a pas voulu séparer dans le triomphe ceux que Dieu avait unis dans la lutte. Il les a placés à la suite des femmes, sans doute parce que la femme est l'âme et le cœur de la famille, el qu'à cette source tout être vient puiser cet 31