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LES ARTISTES LYONNAIS A PARIS. 489 Aires privilégiés de cette terre , n'avoir été conçue que pour servir de moule à la beauté morale , tellement les deux se confondent dans l'attrait, la sympathie, l'adoration qu'elles inspirent. II faut le dire bien vite, pour qu'on ne nous accuse pas de préjugés exclusifs, l'art moderne ne doit pas se traîner servilement sur les traces de l'art antique. Un monde s'étend devant lui qu'il doit défricher comme l'Adam de celte créa- tion nouvelle. On chercherait vainement dans tout ce qui nous reste des œuvres de l'antiquité la trace fugitive de l'émotion du cœur, et, à plus forte raison de celle émotion, la plus pure et la plus haute qu'il soit donné à l'âme créée de ressentir, celle qui rapprocherait le plus l'homme de l'étal divin , si l'Être éternel pouvait participer à quelque chose d'analogue aux conditions de la vie relative, je veux parler de l'émotion religieuse. C'est à dessein que j'unis ici à l'idée de religion ce mot lout humain, et presque emprunté à la catégorie des sensa- tions, le mol d'émotion ; car, à côté des convictions et de l'enthousiasme austère qu'elles inspirent, il y a encore, dans le sentiment religieux développé par le Christianisme, quel- que chose qui sollicite exclusivement les instincts tendres et rêveurs de notre âme. Pour les êtres qui se sont le plus assi- milés la vie religieuse, tels que les saints et les mystiques, le sentiment religieux semble devenir comme une passion qui exerce suc eux un ascendant invincible, les altère de dévoû- ment, les remplit d'angoisses et de désirs comparables aux angoisses, aux désirs, à la soif de dévoûment de l'être qui a voué sa vie à un être aimé. C'est la plus haute de toutes les passions, le plus vaste de tous les enthousiasmes, la passion et l'enthousiasme de Dieu ! Le besoin des jouissances, l'ido- lâtrie de la force matérielle, l'indulgence sans limites pour le succès, le mépris des lois morales , surtout dans ce qui touche à la société, toutes ces plaies de notre temps-