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                     ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS.                       247

t-il dans l'obscurité ? Pour être sublime, donna-t-il dans l'en-
flure ? Pour être simple et familier, devint-il trivial ? Non , sans
doute. Des hardiesses heureuses, mais d'un sens très-clair ; des
tours nouveaux, mais naturels ; des alliances nouvelles, mais
imprévues et frappantes, de mots déjà usités, de mots surannés
qu'il faisait revivre, et qui, placés en leur lieu, plaisaient par leur
vétusté même ; des locutions originales, mais lumineuses, qui
donnaient plus d'énergie, de grâce, de précision au discours : tel
fut le secret de l'évêque de Meaux ; tel fut aussi plus ou moins
celui de nos grands écrivains, poètes et prosateurs, de Corneille,
de Racine , de Boileau, de La Fontaine , de J.-B. Rousseau, de
Fénelon, de Massillon. Pour ajouter à la langue française de nou-
velles richesses, ils se sont bien moins appliqués à inventer des
mots, qu'à trouver un usage nouveau des mots conservés. »
    Nous comprenons fort bien que Chênedollé , qui aurait pu
jouer le rôle d'initiateur avant Lamartine, s'il eût publié ses
poésies à leur date, mais qui néanmoins ne se départissait pas
d'une légitime admiration pour le grand siècle, trouvât peu de
 littérature à Frayssinous. Ainsi, pour nous borner à un seul
homme que le poète goûtait certainement, nous entendons
 Frayssinous dire sans hésitation au sujet des Martyrs de Cha-
 teaubriand, que c'est un livre à refaire (1). Ce jugement expé-
 ditif et tranché, nous semble plus que réformable.
     Il est juste d'observer aussi que les travaux et la profession de
 l'orateur chrétien ne permettaient pas de chercher en lui une lit-
 térature étendue et variée : il ne pouvait être Fontanes , mais il
 avait son mérite propre et ses connaissances.
                                         F . - Z . COLLOMBET.


   (1) Henrion, Vie de Frayssinous, tom. I, pag. 227,