page suivante »
ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 20/ Quand, à de pareils témoignages, on peut ajouter celui des étrangers, tous les compatriotes du maréchal Suchet doivent s'enorgueillir d'une renommée nationale si bien acquise. Il laissa des souvenirs durables en Italie, premier théâtre où son mérite se fit connaître. En Espagne, les populations qu'il soumit bénirent ses soins tutélaires , et lui décernèrent le beau litre d'homme juste : el hombre juslo. A Sarragosse, son nom a été donné a une promenade publique. A la nou- velle de sa mort, dans cette ville qu'il a habitée longtemps, des Espagnols montrèrent spontanément leurs regrets, en faisant célébrer un service pour le repos de son âme. Depuis lors, les circonstances ayant ramené les Français en Espagne, sous la conduite d'autres chefs, ils trouvèrent le souvenir de Suchet vivant en Aragon et à Valence, el entendirent des bénédictions honorer sa mémoire. Sa justice , la sévérité de son administration tempérée par la douceur de son caractère, la supériorité de son jugement, la variété de ses connaissances acquises dans des études con- tinuelles, l'avaient rendu aussi propre à régir un état qu'à commander une armée. Dans les intervalles de repos laissés par les opérations militaires, Suchet continuait 5 se livrer à l'étude des sièges et de la stratégie. Il lisait la Tactique de Folard , les Mémoires de Vauban , et ceux du maréchal de Saxe , consullait les documents historiques qu'il pouvait se procurer sur l'Espagne, comme ceux du maréchal de Berwick, du grand Condé , se délassait par la lecture de la Jérusalem délivrée , dont un exemplaire ne le quittait jamais , visitait les champs de bataille et rédigeait des rapports, dans lesquels ses qualités militaires étaient encore rehaussées par la candeur et par la modestie la plus rare. Après avoir lu ces rapports, on doute, comme cela a été dit de Câlinât, de sa participation aux affaires consignées dans ses bulletins officiels : sa correspon- dance ne tendait qu'à faire ressortir le mérite de ses com-