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             NOTICE SUR SAINT-RAMBERT-DE-JOUX.                   273

plusieurs édifices coûteux; payer les gages de ses ouvriers,
conductis cœmentariis, puis nourrir plus de vingt personnes,
lorsque les récoltes qu'il venait de confier à la terre n'étaient
pas encore ramassées, et que la famine se faisait sentir dans
toute la province.
    Du reste, aux humbles et précaires commencements de l'œu-
vre de Domitien succéda peu à peu l'aisance et même la richesse ;
la communauté acquit des terres nombreuses. Nous avons vu
Latinus lui donner, vers 450, une vigne à Vaux et d'autres biens ;
cet exemple ne resta pas sans imitateurs. La foi vive de cette
époque qui promettait le paradis en échange d'une donation, les
remords qui amenaient les usurpateurs ou les pillards à céder
aux ministres de Dieu la dime des vols qu'ils avaient commis,
la reconnaissance que les seigneurs voisins devaient aux abbés
pour leurs bons services de religion ou de médiation, toutes ces
 causes sans doute portèrent l'abbaye de Saint-Rambert à l'apo-
 gée de sapuissance. Elle ne relevait que du pape pour la ques-
 tion canonique. Longtemps indépendante de toute suprématie
 temporelle, elle posséda des domaines jusqu'en Savoie, et se
 trouva, au XIIe siècle, un des petits états les plus riches du Bugey.
 Son étendue était plus considérable que celle de tout le canton
 actuel ; c'est ce que nous prouve une bulle du pape Célestin III,
 datée de 1191, et où l'on énumère ses bénéfices. Elle a été donnée
 en entier par Guichenon.
   On ne sait si notre Abbaye eut beaucoup à souffrir du passage
des barbares à différentes époques. Les Sarrasins, les Francs de
Charles Martel, et les Hongres payens, prototype des ogres qui
font trembler encore l'enfance, ravagèrent plusieurs fois la pro-
vince de Lyon, la vieille Allobrogie et même l'abbaye de Nantua,
mais rien ne témoigne jusqu'à quel point ces fléaux s'appesan-
tirent sur nos rochers. L'origine sarrasine qu'on attribue dans
nos environs à plusieurs villages de la montagne , soit d'après
les noms bizarres, plutôt qu'arabes, qu'on y rencontre aujour-
d'hui, soit en raison de quelques traits prétendus orientaux, em-
preints dans la physionomie des habitants, peut être réelle, mais
les preuves sur lesquelles on la fonde sont de pures hypothèses,
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