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120           ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.

qui e?t militaire ! Cette audace allait être bientôt justifiée.
   Tarragone la forte, l'antique Tarraco qui donna son nom
à la plus vieille province de l'Hispanie, Tarragone revêtue
d'une enceinte de fortifications, succomba le 20 juin 1811 ,
après des efforts héroïques, après deux mois de siège ou plu-
tôt d'une continuelle et formidable bataille, en présence et
sous le feu d'une escadre anglaise, de ses troupes de débarque-
ment et de l'armée espagnole de Catalogne. Suchet déploya
dans celle circonstance ce que l'art de la guerre peut avoir
de plus grand et de plus habile; il montra qu'il était l'un
des meilleurs tacticiens de l'époque. Il fil des prodiges à ce
siège, et son génie inspirateur grandit dans la fumée de l'as-
saut.
   Ces brillants faits d'armes comblèrent de joie Napoléon qui
depuis longtemps avait les yeux fixés sur Suchet. Aussi l'em-
pereur témoigna-l-il combien il était satisfait du général en
chef, en l'élevant au grade de maréchal de l'Empire. Le dé-
cret du 8 juillet qui lui en donna le bâton, rappelle tous les
services de l'illustre guerrier, et notamment les exploits de
Lérida, Méquinenza, Torlose et Tarragone. Revêtu de cette
haule dignité, le comte Suchet s'en montra digne par l'éclat
de ses nouvelles victoires.
   En septembre suivant, le maréchal ouvrit la campagne de
Valence ; il assiégea d'abord Oropéza, qui se rendit à quel-
ques jours de là.
   Les forts de l'antique Sagonte qui couvrent la ville capitale
de Valence, relevés à grands frais par les Espagnols , arrêtè-
rent Suchet qui se vit obligé d'en faire le siège. On sait que
celle ville infortunée était renommée dans l'histoire, par son
inaltérable attachement aux Romains, lorsque Annibal en
forma audacieusement le siège.
   Telle était la ville qu'il fallait réduire. Les Sagontins de-
vaient conserver le souvenir du héros moderne, dont la bonté