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482             LES ARTISTES LYONNAIS A PAIUS.

 élément de tendresse qui n'est peut-être jamais en nousqu'uir
 reflet affaibli et emprunté de la grâce et de la délicatesse fé-
minines.
    Vous voyez tout d'abord la simplicité de cette conception ;
 les figures destinées à l'exprimer sont réunies par groupes
 suivant leurs attributs spéciaux dans le culte catholique. D'a-
 bord les vierges, les martyres et ainsi du reste. Je blâmerai
 toutefois M. Flandrin d'avoir donné une place trop humble aux
 pécheresses ; il les a mises bien loin derrière les nonnes et les
reines. Cela me semble peu conforme à la parole du Seigneur,
affirmant qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un pé-
cheur qui aura fait pénitence que pour quatre-vingt-dix-neuf
justes qui auront persévéré dans la voie du salut. L'éeial dont
l'église a pris soin d'entourer le culte de Marie-Magdelaine
proleste implicitement contre le rang que M. Flandrin assigne
à celle sainte dans son épopée chrétienne. Je ne vois pas de rai-
son plus sérieuse pour classer les rois et les reines dans une caté-
gorie spéciale ; j'avais crujusqu'ici que lesdistinclionsdu monde
s'effaçaient dans la hiérarchie céleste et je ne sache pas, sauf
erreur, que l'église ail consacré d'hommage ou d'office spécial
aux princes et aux puissants de la terre. À tout le moins notre
artiste n'eût pas dû leur donner le pas sur ces pauvres et
saintes familles de héros chrétiens qui, dans l'ordre religieux,
ne le cèdent en rien aux rois et aux reines; car, enfin, ceux-
ci ne sont plus qu'eux ni martyrs, ni confesseurs, ni vierges,
ni pontifes , ni rien de ce qui commande un culte , un hon-
neur dans l'Eglise, et les autres ont pour eux la royauté vé-
ritable , la seule devant laquelle s'inclinât saint François
d'Assise, la royauté de la pauvreté. L'Eglise a-t-elle donc
jamais pensé que la caste et la race dans le passé ou la ri-
chesse dans le présent fussent la mesure proportionnelle de
la sainteté, et ne fallait-il pas venir à notre époque pour voir
ériger en axiome dans des livres celle monstrueuse propost-