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               LES ARTISTES LYONNAIS A PARIS.                 483

tion que la race c'est le mérite , et le capital c'est la vertu.
    J'ai un autre reproche grave à adresser â M. Flandrin sur
l'ordonnance morale de sa composition ; n'a-t-il pas créé,
proprio motu, dans le séjour de la paix éternelle, une caté-
gorie de guerriers qu'il place avant les pontifes , les docteurs
et les moines ?— Entendez-vous ? la force brutale, le sabre,
avant le sacerdoce, avant l'enseignement, avant la science,
avant le dévoûment ! ¥ a-t-il donc dans la liturgie catholique
un hymne en l'honneur du glaive ? Je croyais qu'il n'en
existait qu'en l'honneur des martyrs qu'il a immolés ! La
légion thébéenne esl-elle donc vénérée pour avoir tiré l'épée
contre les bourreaux ou pour avoir tendu le cou, comme Isaac
sur.le bûcher ? Est-ce comme appui prêté à l'autorité morale
de l'Eglise que M. Flandrin a voulu sanctifier la force maté-
rielle?—Hélas! mieux vaudrait laisser de tels souvenirs se per-
dre dans l'oubli ! mieux vaudrait rappeler au monde l'analhème
jeléparsaintHilaire de Poitiers à l'emploi delà force, même
lorsqu'elle vient en aide à la vérité. Il semble pourtant que
 tout ce qui s'est passé depuis les paroles de ce grand saint n'est
point fait pourinviler les hommes à dresser un autel à la Force,
et que ce n'est point aux pieds de cette idole que se dirigent
les aspirations jeunes et nouvelles de la société.
    Je regretterais qu'on vît dans les observations qui précèdent
l'indice d'une pensée hostile à l'artiste élevé dont nous nous
occupons; c'est précisément parce que l'œuvre de M. Hippo-
 lyle Flandrin porte l'empreinte d'une incontestable supériorité
qu'ilfautattacherplusd'imporlance aux tendances morales qui
«n doivent ressortir. Sous le prestige de la beauté extérieure, il
 faut rechercher encore la vérité de l'enseignement, si, comme
 l'a dit Platon , le beau n'est au fond que la splendeur du vrai.
    C'est pourquoi je demanderai encore à M. Flandrin qui
 a pu lui fournir l'idée de placer Charlemagne au nombre
 des saints. L'impression en eût-elle donc été amoindrie