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PÉLOPOÎNÈSE. 473 duire. Prœtus la crut ou feignit de la croire, trop heureux lui- même de se venger sur cet homme qu'on lui abandonnait, de tout ce qu'il avait souffert des autres sans oser se plaindre. Hési- tant cependant à se défaire de Bellérophon à Corynthe même, il l'envoya chez Jobates, père d'Àntée, roi de Lycie,et le munit d'une lettre où ses instructions à son sujet étaient clairement expliquées. Jobates commença par recevoir Bellérophon avec magnificence et le festoya pendant huit jours sans s'informer de ce qu'il ve- nait faire chez lui. Apres avoir ainsi 'largement rempli les devoirs de l'hospitalité, il ouvrit enfin la lettre que Bellérophon lui remit de la part de Prœtus. Jobates, ayant de ia sorte appris le funeste projet de ce dernier, fut fort affligé, car ii aimait déjà Bellérophon. Cependant, ne voulant point désobliger sou gendre en épargnant sa victime, ni souiller sou palais du sang d'un étranger qui avait joui des bienfaits de son hospitalité , il chercha un moyen honnête de s'en défaire sans que sa conscience eût rien à lui reprocher et, pour cela, il l'envoya combattre la Chimère, lïellé- rophon, à sa grande surprise, revint triomphant. Il l'envoya alors contre les Solymes et ensuite contre les Amazones. Bellérophon revint encore vainqueur ; la destinée semblait ne pas vouloir tou- cher à ses jours. Jobates, fort embarrassé, le renvoya à Coryn- the, comblé de présents , mais après avoir pris soin d'aposter sur sa route, au dehors des frontières de son royaume, une troupe de brigands les plus féroces et les plus audacieux de toute la Lycie. Bellérophon, qu'avaient épargné la Chimère, les Soiymes et les Amazones, ne devait point tomber sous les coups d'obscurs voleurs de grand chemin ; il les battit et n'en laissa pas survivre uu seul. Enfin, charmé de sa valeur et cédant à l'entraînement qu'il se sentait pour lui, Jobates le rappela à sa cour, lui avoua les ordres cruels qu'il avait reçus de Prœtus, et lui donna sa tille en mariage. Je m'empressai de parcourir Corinthe, et je retrouvai son amphithéâtre, à l'extrémité duquel on voit encore l'antre où les bêtes destinées au combat étaient retenues. Au milieu de la ville, sept colonnes dorienues sont debout, surmontées de leurs architraves; elles faisaient partie du temple de Minerve Cha-