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434                 LA CRYPTE DE SAINT-POTHIN.

    Grâce à cette heureuse position, Polhin put remplir long-
temps les devoirs de son apostolat. Assisté d'Irénée, prêtre
 et Grec comme lui, ses prédications eurent le plus grand
 succès et multiplièrent tellement les conversions que les
 païens et leurs prêtres s'en alarmèrent. L'an 177, pour allu-
 mer davantage la fureur du peuple contre les chrétiens, les
 prêtres d'Auguste les accusèrent de se livrer à des infamies
 dans leurs réunions. La rage du peuple fut portée alors à son
 comble ; ils furent chassés des bains et des marchés, frappés
 dans les rues, pillés et massacrés jusque chez eux. Polhin,
 alors âgé de quatre-vingt-dix ans et réduit par son âge à
 une faiblesse extrême, fut traîné devant le tribunal du gou-
 verneur, et, couvert de blessures, expira deux jours après (1)
dans le cachot où on l'avait jeté... c'était alors le 2 juin
 de l'an 177.
    Nous n'entrerons pas dans le détail des atroces souffrances
que firent endurer les idolâtres aux autres malheureux chré-
tiens traînés à l'amphithéâtre de Taulel d'Auguste : elles
sont rapportées dans la lettre que les fidèles de Lyon écri-
virent à ceux d'Asie, et que l'on trouve en partie dans
l'histoire ecclésiastique d'Eusèbe (2). Nous dirons seulement
que saint Irénée, successeur de Polhin, se retira sur la col-
line de Lugdunum là où est maintenant l'église qui porte son
nom et y continua la mission de son saint prédécesseur.
Mais les chrétiens, en mémoire de leur premier évêque, eu-
rent toujours une profonde vénération pour le lieu où il
avait élevé son oratoire, et lorsqu'enfin, au IVe siècle, Cons-
tantin permit et même ordonna le libre exercice du culte
du Christ, les fidèles se hâtèrent d'en relever les ruines et

    (1) Ce cachot se voit encore sous l'hospice de l'Antiquaille élevé sur
l'emplacement du palais des empereurs.
   (2) Revue du Lyonnais, tome XX, p. 19.