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LA CRYPTE DE SAINT-POTHÃN. 433 y remplir ses devoirs apostoliques sans être persécuté. Dans ce lieu presque désert, il avait élevé un oratoire dédié à la Vierge et aux SS. Apôtres Pierre et Paul ; une image de Marie, apportée par lui de la Grèce, était exposée sur l'autel à la vénération des fidèles. Tel fut dans la Gaule le berceau du Christianisme. Les deux extrémités de la réunion des îles du confluent formaient alors un étonnant contraste. D'un côté une modeste chapelle, timidement élevée en secret sur un terrain maré- cageux et caché par des bois : de l'autre un autel colossal, au milieu d'une vaste et magnifique enceinte , enrichi des merveilles de l'art et entouré de toute la pompe des sacri- fices. D'un côté, d'humbles chrétiens agenouillés en silence, offrant l'image de toutes les vertus, prêts à mourir plutôt que de renoncer à leur croyance; de l'autre, des peuples entiers réunis dans l'ivresse des fêtes et des jeux. D'un côté enfin, un saint évêque assisté de quelques prêtres, levant au ciel ses mains vénérables en lui demandant de protéger ses fidèles disciples ; de l'autre, soixante prêtres augustaux, fiers, hautains, chargés d'honneurs, et dont l'orgueil irritable faisait autant de persécuteurs. Nos études sur l'état de la plaine de Lyon au temps de la domination romaine, nous ont fait comprendre combien le choix de la retraite de Pothin avait été sage. Placé à deux ou trois cents pas du large canal (1) qui servait de port aux barques des Grecs, ses compatriotes, éloigné du temple d'Au- guste par toute la longueur de l'ensemble des îles du confluent, à portée de se servir pour correspondre avec Lugdunum, des moyens de transport que les marchands du canal avaient établis pour communiquer avec la rive droite de la Saône, il pouvait secrètement réunir ses coreligionnaires sans éveiller les soupçons de leurs ennemis. (1) Celui des Terreaux. 28