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432 LA CRYPTE DE SAINT-POTHIN. Notre ville en possède deux, celle de Saint-Pothin, à Saint- Nizier, et celle de Sainl-Irénée, sous l'église de ce nom. Celle-ci ayant été décrite plusieurs fois, étant très-connue et visitée sans cesse, nous ne nous occuperons que de la première. La crypte de Saint-Pothin est placée sous le chœur et derrière le maître-autel de Saint-Nizier, sur l'emplacement même où, au 11e siècle, saint Pothin caché dans les bois de la plus petite des îles du confluent, faisait entendre la parole de Dieu, et réunissait les fidèles pour la célébration des saints mystères. Grec d'origine et disciple de saint Polycarpe, évoque de Smyrne, Pothin fut envoyé par lui dans les Gaules pour les convertir à l'Évangile. A cette époque, et même fort long- temps avant, comme on le voit dans Justin, les Gaulois et les Grecs avaient entre eux des relations commerciales très- étendues. Depuis que par l'édit d'Auguste, Lugdunum était devenu la capitale de soixante nations des Gaules, il était le centre de leur commerce, et les ports de l'Asie étant en rapport continuel avec celui de Marseille, les Grecs remontaient le Khône avec leurs barques jusqu'aux îles du confluent et y avaient établi les magasins et entrepôt des marchandises de leur pays : notre ville était donc le point le plus important pour les prédications du saint évoque. Par le moyen des Grecs, ses compatriotes, chré- tiens comme lui, il put facilement y arriver et trouver un asile secret loin des prêtres augustaux, si puissants et si terribles. Parmi les îles du confluent, il choisit celle où sont actuellement les églises Saint-Nizier et Saint- Pierre, parce qu'elle était la moins habitée. Comme elle était plus basse que les autres, marécageuse et souvent envahie par les eaux du Rhône ou de la Saône, et couverte de bois, notre premier évoque put pendant longtemps, avec mystère,