page suivante »
JEAN LE SCRIBE.
Avant qu'il eût rien dit
La fruitière, à sa vue interdite et muette,
Lui donnait son fromage en inclinant la tête
Et lui faisait crédit ! !
IV.
Qui dira les palais, les tableaux fantastiques
Que son geste inspiré, ses parole's magiques
Déroulaient à mes yeux?
Lui seul les avait vus, lui seul pouvait les dire,
Ces vastes horizons où son puissant délire
Nous emportait tous deux !
Alors que nous errions à des heures indues
Aux sombres carrefours, aux ruelles perdues ,
Près des vieilles prisons;
Qu'aux pavés inégaux nous déchirions nos bottes
Et que nous blanchissions nos pans de redingottes
A l'angle des maisons.
C'étaient un grand soleil et des clartés divines,
La lumière à longs flots coulait dans les ravines;
De splendides lueurs
Inondaient l'univers, et l'ombre, accumulée
Aux antiques forêts, disparaissait brûlée,
Sous les rayons vainqueurs.
V.
C'était un nouveau monde avec de vastes plaines,
Un pays ignoré des empreintes humaines,
Un sol vierge et puissant
Où l'on voyait passer, en nombreuses phalanges,