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\ 422 M l l e JANE DU BUISSON. délicieux petit roman que firent remarquer le charme du style , la grâce des détails , la vérité des portraits et la finesse de l'observation. Jules Sandeau s'y serait reconnu et aurait volontiers signé ce volume. Mlle Du Buisson se chargea pendant dix années de faire , ici même, la revue de nos expositions annuelles. Elle s'en acquittait avec l'esprit qu'on sait. La maladie la força tout à coup de rom- pre ses rapports avec nos lecteurs et la mort vient de dénouer bien cruellement la promesse qui nous avait été récemment faite d'un nouvel ouvrage de sa composition. A ceux qui n'ont connu que ses écrits , nous dirons qu'ils n'ont pas eu la meilleure part de cette âme aussi dévouée qu'intelligente, de ce cœur que la douleur n'a point aigri et qu'elle rendit au contraire plus compa- tissant encore aux douleurs d'autrui. Nous pouvons le proclamer aujourd'hui, sa charité était grande et sa bonté allait au devant de ceux qui souffrent. Si parfois , sous sa plume comme dans sa causerie intime , la saillie et le trait allaient plus loin que l'épiderme , elle s'en repentait bien vite , et il ne fallait pas faire d'appel à son cœur pour la faire revenir de la sévérité de quelques-unes de ces spirituelles boutades. Les Lettres d'un rapin de Lyon à un rapin de Paris qu' parurent, à propos de l'exposition de 1837, sous le pseudonyme d'Ernest B w , firent alors assez de bruit pour que nous rendions ici à leur véritable auteur cet opuscule dont la forme légère devait faire accepter l'excentricité de quelques jugements. Notre pauvre amie a reçu , à son lit de mort, les prières d'un prêtre qui fut, lui-même , notre collaborateur, M. l'abbé Fleury Laserve. C'est ainsi que devaient se retrouver, à quelques années de distance , deux écrivains qui s'étaient naguère connus