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                        F.-Z. COLLOMBET.                         367
briand dans le midi de la France, faisait espérer à notre littéra-
teur lyonnais une visite que celui-ci regarda toujours comme
un des événements les plus heureux et les plus honorables de
sa vie, et qu'il a soigneusement noté sur un papier à part :
« Le 1er août 1838, porte ce papier, M. de Chateaubriand vint
en effet me voir, à trois heures et demie, accompagné de l'abbé
Bonnevie ; il resta chez moi un quart d'heure ; il parla de son
voyage principalement: il avait eu pour objet premier l'amélio-
ration de la santé du noble vicomte et la reconnaissance du
golfe Juan, de Cannes, puis de l'itinéraire de Bonaparte. »

   Collombet ne fut pas seulement un lettré éminent , il fut en-
core un homme privé des plus estimables. Sa conduite était
irréprochable ; jamais la critique la plus sévère n'y trouva à
reprendre. On admirait en lui la gravité des mœurs, le respect
des convenances. Ses amis savent combien il était bon, franc,
loyal, sincère, étranger à la jalousie, disposé à rendre service.
Il était doué de sentiments élevés et généreux, et une grande
fortune eût été bien placée entre ses mains ; désintéressé comme
il l'était, il ne se fût réservé que ce qui aurait suffi à un honnête
entretien, et il eût employé tout le reste ou en bonnes œuvres
ou en encouragements littéraires. 11 aimait les hommes d'étude ;
il suffisait qu'on travaillât avec goût, intelligence, pour avoir
droit à son estime, et même à son amitié. 11 ne comprenait pas
dans les personnages haut placés l'indifférence à stimuler le
talent ; il sortait quelquefois à cet égard de sa modération habi-
tuelle et s'indignait; jamais il n'entendit parler d'un homme
d'étude pauvre sans se sentir ému, et il regrettait alors les ri-
chesses. Jamais on n'eut besoin d'exciter sa libéralité, il donnait
et donnait largement, quelquefois plus que ses moyens ne le
lui permettaient, mais il savait s'imposer des privations. Il y
avait telles personnes qui venaient régulièrement chercher, cha-
que mois vers lui, des sommes fixes qu'il s'était engagé à leur
payer. Plusieurs ne vivaient que de ses charités. 11 se montrait
d'une douceur extrême envers ceux qui l'entouraient, vivaient
avec lui; il aimait les enfants, se plaisait à les caresser, avait des