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366                      F.-Z. COLLOMBET.
 l'avait bientôt mis en opposition avec lui-même, puis il l'acca-
blait sous une grêle de citations que lui fournissait l'arsenal
inépuisable de ses notes, et le forçait au silence,.
    Collombet avait lié des relations avec un grand nombre
de personnages lettrés de l'époque, et il en eut plusieurs
pour amis. Nous en avons déjà fait connaître quelques-uns ;
nous nommerons encore MM. Poujoulat, Ampère, Aimé Martin,
Fauriel, Ozanam, Mme Valmore. M. de Lamennais, avant de
passer définitivement à l'erreur, lui écrivait presque sur le
ton de la familiarité. L'aimable causeur du lundi, M. Sainte-
Beuve, entretenait également avec lui un commerce très-suivi
de lettres, dans lesquelles l'affection le disputait à l'estime.
Audin pénétrait jusqu'à l'intimité. Et ce n'était pas seulement
dans le secret de la confidence que l'historien de Luther s'in-
dignait que personne à Lyon de ceux pour qui c'était un devoir
de le faire n'eût demandé la croix d'honneur pour Collombet (1) ;
il l'a fait plus d'une fois assez haut pour que cela arrivât à
qui de droit. Lui-même avait le projet d'interposer son crédit
 auprès du cardinal Lambruschini pour obtenir à l'historien de
saint Jérôme la croix de saint Grégoire. Il s'étonnait encore
qu'aucun corps savant n'eût ouvert ses portes à l'homme qui,
parmi ses contemporains, avait le plus fait pour les lettres et la
science. Collombet, à la vérité, content de servir leur cause, n'am-
bitionna jamais les distinctions qui sont la récompense des
services ; mais ne devrait-on pas comprendre les nobles désin-
téressements ? N'y a-t-il pas un amour-propre mal entendu chez
les sociétés savantes à ne pas prévenir les hommes éminents
trop modestes pour s'avancer, surtout lorsqu'elles s'encombrent
de médiocrités vaniteusement solliciteuses !
   Chateaubriand doit compter au nombre des amis de Collombet;
la correspondance qu'on lit à la fin de l'éloge de l'illustre vicomte
montre combien l'historien de saint Jérôme s'était approché de
l'auteur des Martyrs. Parmi ces lettres, il en est une écrite à la
date de l'année 1838, qui, en annonçant un voyage de Château-

  (1) Aug. Ducoin, Gazelle de Lyon, du 21 octobre 1853,