page suivante »
UNE NUIT DANS LES RUES. i. C'est l'heure où le passant qui regagne son gîte Court d'un air effaré le long des quais déserts ; Mais pour aller dormir trop de fièvre m'agite , Et la nuit est trop belle et les cieux sont trop clairs. Et je me dis : ô toi dont le cœur veille , imite Ces astres vigilants , fais comme eux, brûle encor, Et sur la Danaé que ton rêve visite Répands ta poésie en blondes gouttes d'or. Répands tes vers au ciel comme des lucioles ; Qu'ils s'en aillent, brûlants , luire à son oreiller ; Entr'ouvre sa fenêtre à des brises plus molles, Près d'elle , jusqu'au jour, c'est à toi de veiller. C'est à toi de veiller sur sa tête charmante , Laisse donc s'exalter ton poétique émoi ; As-tu besoin d'ouïr, à côté de l'amante , Le lac inspirateur qui l'endort loin de toi ? 22"