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                             PÉLOPONÈSE.                         253
pour recevoir ses lois de la main des chefs héroïques auxquels
il devait sa liberté. L'affranchissement de la Grèce ayant été pro-
noncé, Capo d'Istria, le président et, à ses côtés, des hommes tels
que Nikitas, Miaolis, Grivas, Colocotroni, tinrent, à Argos, au
mois de juillet 1829, la première séance de l'assemblée légis-
lative.
   Les femmes et les coursiers d'Argos jouissaient autrefois
d'une grande réputation de beauté; la race de ces superbes
chevaux, que vantaient les poètes, m'a paru complètement éteinte
et l'on ne rencontre plus dans le pays que des animaux efflanqués
et sans grâce. Quant aux femmes, je n'ai pu juger qu'imparfai-
tement si elles ont conservé quelques attributs du sang de leurs
ancêtres, car, elles portent presque toutes, à la façon des
femmes turques, un voile blanc qui ne laisse à découvert que
leurs yeux, et un long manteau qui ensevelit leur taille sous ses
larges plis. Ce costume ne manque cependant pas de prestige ,
et, à travers la gaze diaphane qui enveloppe leur visage, le re-
gard cherche instinctivement la beauté et croit la découvrir telle
que l'imagination la rêve. Argos s'est illustrée non seulement
par ses guerriers mais encore par ses poètes et ses sculpteurs, et
fut une des premières villes de la Grèce à cultiver les arts. Télé—
silla fut une femme célèbre par son talent poétique et, plus en-
core, par un acte de courage auquel la ville doit son salut. Les
Lacédémoniens, ayant mis le siège devant Argos, étaient sur le
point de s'en emparer, lorsque Télésilla rassemble les femmes,
les anime par ses paroles, marche à leur tête contre l'ennemi
et lui fait subir une déroute complète. Une fête annuelle fut ins-
tituée en mémoire de cet événement, et, pendant qu'elle durait,
les hommes s'habillaient en femmes et les femmes en hommes.
Le sculpteur Polyclète fut contemporain de Phidias et rivalisa de
gloire avec lui ; ses conceptions étaient peut-être d'un ordre
moins élevé, mais il poussa la perfection de la forme à un degré
que Phidias lui-même ne surpassa jamais; les proportions du
corps humain étaient si pures et si rigoureusement observées
dans toutes ses œuvres qu'on le surnomma le canon ou la règle.
11 excellait à retracer la jeunesse et l'enfance, et son ciseau se re-