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254 PÉLOPONÈSE. fusa toujours à reproduire les traits austères ou décrépits de la vieillesse. L'importance d'Argos me faisait espérer que j'y trouverais une hôtellerie où me reposer de la fatigue des jours précédents, je me trompais. Après avoir longtemps parcouru le bazar avec mon guide pour acheter ici des légumes, là des fruits, plus loin de la viande, je fus conduit dans un misérable khan à l'extrémité de la ville. Une troupe de dindes nous reçut d'abord en s'empressant de faire devant nous la roue, de la façon la plus majestueuse et la plus risible, et leurs cris discordants avertirent les maîtres de la maison que des étrangers se présentaient. Une vieille femme vint nous recevoir et, s'excusant sur sa pauvreté , nous installa dans une salle basse qui avait la terre pour plancher et, pour toit, des poutres disjointes et calcinées. Bien que ce gîte fût de beaucoup préférable à quelques uns de ceux où je m'étais trouvé, je le considérais cependant avec assez de décou- ragement, lorsque mon regard distrait s'arrêta sur un jeune homme et une jeune femme, assis dans la cour près d'une haute cheminée construite sous un hangar; c'étaient le fils et la belle- fille de notre vieille hôtesse. Le premier , étendu dans un large fauteuil, avait l'air triste et languissant ; il paraissait âgé de vingt-cinq à vint-six ans, et ses mains, appuyées sur ses genoux, étaient déjà blanches, maigres et ridées comme celles d'un vieil- lard. Mon guide m'apprit qu'il était atteint depuis plusieurs années d'une maladie de la moelle épinière qui le retenait sur sa chaise. Sa femme était toute jeune, grande, gracieuse , avec un visage d'une expression triste et touchante. Elle soignait son mari avec tout le dévouement que lui inspirait un amour dont elle avait à peine goûté les joies ; il y avait, dans toute sa per- sonne , le charme particulier à cette tristesse générale et involontaire qui, à la suite de longues souffrances, pénètre les traits et passe dans l'habitude de la physionomie. Au fond de la salle qui m'avait été cédée, se trouvait une image de la Vierge, entourée de plusieurs autres images de saints, au-dessous des- quelles étaient écrites des légendes et des prières. Ces images de piété, grossièrement fabriquées par les moines qui habitent les