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                      ÉTUDE SUR FRAYSSINOUé.                   239
 et se délivrer de ce qui en est la sanction, dit le même écrivain,
 est une chose impossible. En détruisant son lien avec la catholi-
 cité romaine, Louis XIV détruisait la racine même de son auto-
 rité. Il croyait monter sur le trône de Charlemagne, et, dans le
 fait, il commençait à descendre les degrés de Louis XVI. Les
libertés de l'Eglise gallicane proclamées au profit de Louis XVI,
deviennent, dans le fond, le premier acte de la Révolution fran-
çaise (1). »
    11 faut ajouter, contre les partisans d'une monarchie tempérée,
que les actes de 1682 détruisent un frein salutaire, en voulant
donner un degré nouveau de hardiesse et de confiance au pou-
voir de la royauté, en écartant de ses excès mêmes toute répres-
sion venant du pouvoir spirituel. Par haine pour l'Eglise , on
devient fauteur secret des lubies du despotisme.
    Envisagerons-nous maintenant le côté plus spécialement reli-
gieux de la question? Ce sont encore des aveux qui se présen-
tent. Un des libres penseurs de nos temps, M. Charles de
Rémusat, qui ne saurait être suspecté de partialité pour les
intérêts du Saint-Siège et du catholicisme, n'a pas craint de dire,
en parlant de cet asservissement qu'on a décoré d'un tout autre
nom :
    « Le plus célèbre effort de cet esprit intermédiaire qui veut
concilier la suprématie de l'Eglise et l'indépendance des gouver-
nements, c'est le gallicanisme ; et, sans nier que, par ses der-
nières conséquences, il pût entraîner à la servitude et au schis-
me, nous ne devons parler qu'avec respect d'une doctrine illus-
trée par tout ce que la France a produit de plus sage dans le
gouvernement, et même dans l'Eglise (2). »
    Voilà un langage qui est assurément peu digne d'un philoso-
phe, nous dirons même d'un simple logicien. Qu'il faille ne par-
ler qu'avec respect d'une opinion, d'un système dont les consé-
quences dernières vont aboutir à la servitude et au schisme,
c'est ce qui semblera toujours fort déraisonnable, non pas seu-

  (1) Le Christianisme et la Révolution française, p. 310.
  (2) Rémusat, Saint Anselme, p. 412.