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240 ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS. lement à un catholique, à un ami de l'unité religieuse , mais en- core à tout homme de sens et de réflexion. Nous souffrons, lorsque nous voyons Frayssinous blâmer la conduite des papes au moyen-âge, parler de prétentions ultra- montaines, lui qui avançait un jour à M. de La Mennais qu'à Rome il serait ultramontain (1) ; déplorer ce qu'il appelle les excès de la puissance pontificale; refuser de croire à l'infaillibi- lité du pape, tout en reconnaissant par un contre-sens l'indéfec- tibilité du Saint-Siége ; faire de l'Eglise une monarchie tempérée par l'aristocratie ; conférer la pleine puissance à l'épiscopat, tan- dis que, par les conciles, l'épiscopat la donne au Saint-Siége et au pape (2) ; aller enfin, dans sa ferveur de royalisme, jusqu'à dire : « Nous refusons non-seulement au pape , mais à l'Eglise universelle, aux conciles œcuméniques le pouvoir de déposséder un souverain, sous quelque prétexte que ce soit, fût-il tyran, hé- rétique, persécuteur , impie. « Voilà le Gallicanisme ; autant il se montre rogue et fier devant l'autorité du vicaire de Jésus- Christ, autant il se fait humble et soumis devant celle des rois de la terre. Ce livre qui avait la prétention d'établir les vrais Principes de l'Eglise gallicane et que Frayssinous avait écrit n'étant que sim- ple prêtre, il le laissa réimprimer, bien qu'il fût passé dans les rangs de l'épiscopat, ce qui devenait moins tolérable. Il eut pour lui dans l'origine les suffrages d'hommes éminents, comme le cardinal de la Luzerne et le cardinal de Bausset, mais Mgr d'À- viau, chez qui il avait donné l'année auparavant un cours de conférences, lui adressa de vives et amicales protestations con- tre son ouvrage. Frayssinous pouvait savoir par les catastrophes d'une maison (1) Œuvres complètes de La Mennais, tome V , page 169, édition de Pa- gnerre, 1844. (2) On peut voir, à ce sujet, un excellent ouvrage de M. Du Lac, l'Eglise et l'Etat ; Paris , 1850 et 51, 2 vol. in-18. C'est le livre le plus complet, le mieux informé et le plus sensé que nous connaissions sur ces matières délicates.