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ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS. 235 « J'ai bien indiqué le dimanche pour le jour de la conférence , mais je ne tiens pas à ce jour-là même, et si vous pensiez que tout autre serait également convenable, cela me serait tout à fait indifférent. « Je ne sais s'il paraîtra étrange que je fasse durer mon cours trois mois, au lieu d'abréger le temps, en faisant deux conférences par semaine ; mais ici j'ai été conduit par des considérations assez fortes : d'abord, je n'ai pas voulu entreprendre au delà de mes forces corporelles, ni au delà de celles de ma mémoire ; tout est écrit et tout est appris par cœur, et c'est assez pour moi que de loger dans ma tête un discours d'une heure, toutes les semaines ; d'ailleurs, ce n'est que lentement que des esprits préoccupés de mille préjugés contre la religion, ou les indifférents, y reviennent ; c'est l'ouvrage de la patience, de la réflexion et du temps ; du moins, telle est la marche ordinaire, et je suis persuadé que douze discours distribués dans trois mois, suivis des entretiens particuliers auxquels je ne me refuserai pas, feront plus de bien que s'ils étaient donnés en six semaines. « Je suis trop heureux, Monseigneur, de pouvoir compter sur la géné- reuse hospitalité que vous voulez bien ni'offrir ; mais je crains bien d'en abuser, comme elle doit durer trois mois ; j'espère que vous voudrez bien joindre à cette louchante bonté celle de vous souvenir de moi dans vos prières. « Veuillez, Monseigneur, agréer mes respectueux hommages. « L'abbé FRAYSSINOUS (1). » Sous l'Empire, Frayssinous prêchait quelquefois dans les pa- roisses, comme il le fit sous la Restauration ; mais, malgré la solidité de la doctrine, la grâce et l'abondance du discours, l'orateur ne réussissait pas aussi bien dans le sermon que dans la conférence. 11 avait pour la prédication ordinaire un ai- mable et onctueux rival dans l'abbé Legris-Duval, qui était en- core un des plus vertueux prêtres de ce temps-là et qui opérait surtout par l'insinuation de la charité, les changements, les re- tours que Frayssinous cherchait plus spécialement par l'appel à la raison. Quand les discussions de l'empereur avec le pape prirent une tournure fâcheuse et ardente, le pouvoir civil pensa qu'il ne fal- (1) Nous devons la connaissance de celle lettre à l'amitié de M. Aug. Ducoin, qui en possède l'autographe,