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236                  ÉTUDE SUR FRAYSSINOUS.
 lait pas laisser au conférencier, en pleine capitale, une tribune
 d'où il pourrait un jour ou l'autre s'échapper quelque parole
libre et indépendante ; la première période de cet enseignement
 salutaire prit donc fin en 1809. Fontanes, qui savait apprécier le
caractère et le talent de Frayssinous, voulut atténuer l'effet d'une
 ombrageuse mesure en le nommant inspecteur de l'Académie de
 Paris, et put lui offrir cette place après six mois d'efforts em-
ployés, disait-il, à tourner l'Empereur. Ces fonctions le rap-
 prochaient encore de la jeunesse qu'il aimait et cherchait à attirer
vers les doctrines chrétiennes. Lorsque Fontanes cessa, en 1815,
 d'être grand-maître de l'Université , Frayssinous n'oublia pas
 d'exprimer à son ancien protecteur des sentiments de gratitude
 et d'intérêt.
    Après la chute de Napoléon, Frayssinous reparut à Saint-Sul-
pice et employa trois discours successifs à considérer la révolu-
tion française dans ses causes, dans ses effets, dans ses suites
et sa fin. On a loué beaucoup trop ces trois discours : ils pou-
vaient agréer singulièrement à l'époque où ils furent prononcés,
mais ils manquent de profondeur et offrent seulement quelques
heureux passages, que l'orateur reprit plus tard pour Y Oraison
funèbre du prince de Condé et pour Y Eloge de Jeanne d'Arc.
Frayssinous transportait dans la tribune sacrée les ardeurs po-
litiques auxquelles jadis il avait eu raison de ne vouloir pas
 sacrifier , et autorisait de son exemple ce fâcheux entraînement
 qui porta un certain nombre de prédicateurs à mêler parfois aux
 questions de doctrine et de morale les débats du parlement et du
journalisme. Au reste, les discours sur la révolution n'ont été
imprimés qu'après la mort de l'auteur, dans les Conférences et
discours inédits, que M. l'abbé Dassance publia en 1843 (1).
    Les honneurs et la faveur royale vinrent trouver Frayssinous.
 11 fut d'abord nommé inspecteur général des études, et, après
 les Cent jours, membre de la commision d'instruction publique;
 mais, son caractère bienveillant et facile ne put tenir devant
le ton hautain et dogmatique de Royer-Collard, qui en était.

  (1) Paris, Le Clerc, 1843; 1 vol. in-8», ou 2 vol. in-12.