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              ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SfCHET.                223

donner pour ainsi dire la main à la pointe d'Afrique, qui
semble n'être que sa continuation , malgré le nom et le dé-
troit qui les séparent. En consultant les récits historiques, on
reconnaît que la destinée de ces deux contrées n'a guère été
plus divisée que leur territoire. Les Romains ont été jusqu'à
les confondre sous une même dénomination. La partie de
l'Afrique qui de Tingis (Tanger) prenait le nom de Tingitane,
a reçu quelquefois la désignation d'Hispania transfretâna
(Espagne au-delà du détroit). Les Phéniciens et les Carthagi-
nois sont venus d'Afrique, attirés par les richesses de la Béli-
que ; les Vandales qui , dit-on , laissèrent leur nom à l'An-
dalousie, et après eux les Goths, ont passé le détroit pour s'é-
tablir sur la côté opposée d'Afrique ; et plus tard les Maures
ou Sarrasins ont ramené une autre fois d'Afrique des domi-
nateurs à l'Espagne, d'où une dernière révolulion les a ban-
nis, il n'y a pas plus de trois siècles.
   « Si l'on considère ensuite non ce qu'elles ont été, mais ce
qu'elles sont, on ne peut s'empêcher de remarquer entre les
deux contrées de nombreux traits de ressemblance. A travers
les différences que la religion, les gouvernements et les lois
ont établies dans les mœurs , dans le costume , dans le lan-
gage , on voit que les rapports matériels et terrestres , le
sol, les eaux , la culture se retrouvent encore les mêmes
entre des pays voisins qu'une longue suite d'événements
a rendus étrangers l'un à l'autre. Ainsi le même soleil
brûlant dévore la Barbarie et l'Andalousie ou les Algarves.
Les montagnes , dépouillées de forêts, n'y amassent plus
les nuages et les pluies. Les plaines et souvent les val-
lons sont en proie à la sécheresse. Partout, il est vrai, où
l'art rencontre des eaux fertilisantes, il en profite avec un
succès prodigienx pour demander des récoltes à la terre.
Mais auprès de ces riches campagnes sont les déserts, ou
des despoblados immenses, où l'œil se perd et la pensée s'al-