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                ÉLOGE DE LOUIS-CABRIEL SUCHET.                       21S

de dépasser en supplice la férocité de Collot-d'Herbois à
Lyon (1).
   Suchet eût-il participé volontairement à cette calamité pu-
blique, il aurait encore plus tard noblement effacé ce souve-
nir lugubre sous le nom de duc d'Albuféra !
   La gloire est la preuve de la vertu (2).
   La paix ne fut pour le maréchal Suchet qu'une sphère
d'activité dans laquelle il se forma aux luttes oratoires. Il
passa ainsi de l'armée dans les assemblées du pays. Grave
el éminent personnage que la variété de ses aptitudes, l'élé-
vation de son âme et la culture de son esprit plaçaient au-
dessus des partialités et des intrigues de son temps. A la
Chambre des Pairs, son élocution était facile, naturelle et
persuasive. On croyait entendre la voix de ses bonnes ac-
tions : noble el calme à la tribune, il ne se troublait point.
La facilité de son esprit était admirable ; ce qu'il disait valait
toujours mieux que ce qu'il avait appris. Il montrait les cho-
ses el il en cachait tout l'art : on sentait qu'il avait appris
sans peine. On écoutait avec complaisance les beaux accents
de générosité et de liberté qui vivifiaient ses discours. Son
visage était ouvert comme sa pensée, loyal comme son âme,
inspiré comme son éloquence. Sa figure était belle et se-
reine; un certain charme de jeunesse ne s'était point effacé
de son front demi-chauve, jusqu'à l'âge de 50 ans; une
imagination caressante et vive répandait sur ses mœurs sé-
rieuses la gracieuseté du sourire. II conservait des amitiés
illustres dont il combattait les opinions avec une austérité

   (1) Quelqu'un conseillant à M. de Foutancs, alors proscrit, de s'adresser
à Maignet, « Maignct ! l'incendiaire d'Orange et de Bédouin. Non, non >••
répondit-il.
      Uor.ER, de l'Académie française ; TIIIEHS et DE LAMARTINE (Histoire d»
                                           lu ltf'ooiufioti)
   (2) Vauveriuiguc. '»13'' maxime.