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210 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. « ici l'humble demeure du pieux desservant et la modeste « église ; je revois avec plaisir la plupart de ces bons amis « qui se pressent autour de moi , et j'éprouve un moment « de véritable bonheur. » En cet heureux jour, les pauvres du village se ressentirent de la bienfaisance de l'hôte illustre qui les visitait, et les habitants s'applaudirent de son affabilité et du tendre intérêt qu'il leur portait, Ainsi qu'on le voit , Suchet avait sucé des principes reli- gieux. Le souvenir de sa première éducation ne s'était point effacé au milieu du tumulte des armes. Il était pieux , et sa piété était celle du héros chrétien , qui, sans abaisser ses dignités , sait humilier sa personne. Nous voulons rappeler un trait qui lui fait grandement honneur, et qui ajoute beaucoup à l'idée que peuvent donner de lui ses nobles sentiments. On était encore à l'époque où il se trouvait pourvu du commandement de l'armée des Alpes. Le bruit courut , le 8 avril 1815, qu'il voulait élever des fortifications sur la colline de Fourvière ; c'eût été exposer, au feu de l'ennemi , l'autel le plus cher aux habitants de la grande cité. Suchet se sentait lyonnais. Il était appelé , par la Providence , à sauver ses concitoyens , à adoucir le fléau de la guerre , car il avait déjà , dans d'autres temps, protégé le laboureur et les moissons sur la terre étrangère , en mêlant au courage du guerrier la charité évangélique. Si ce projet de compromettre le salut de la cité exista , il venait de plus loin. Quoiqu'il en soit, le vainqueur de Tar- ragone monta un jour à Fourvière, et commença par ob- server, du haut du clocher, sa ville natale confiée à sa défense. De retour dans la sacristie de la chapelle , il demanda le chef des chapelains. Le président était absent; le vice-pré- sident se présenta :