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200 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. de faiblesse , ni de médiocrité. L'élite des grands hommes, des grands esprits, des grands talents, se lève en masse pour proclamer celle vérité. Le sage Scipion , le vertueux Épaminondas, le loyal Du- guesclin , le bon chevalier Bayart , le modeste Turenne , nous ont laissé de si grands souvenirs qu'on ne peut pro- noncer leurs noms sans éprouver tout ce qu'inspire la vraie bonté. Les esprits pieux , dans tous les siècles, ont cru qu'au- delà de celle vie il est une rémunération du bien et du mal. Mais croyons aussi que , dans celte vie môme , le supplice du méchant commence , et qu'un de ses tourments est de savoir combien l'homme juste, bon et bienfaisant éprouve inté- rieurement de douces et pures jouissances. L'homme généreux et bon voit augmenler sa félicité par la part qu'y prennent ses amis; dans l'infortune, il est con- solé par eux , et sa conscience le dédommage intérieurement des injustices de la fortune. La bienfaisance est la fille de la bonté ; les jouissances qu'elle donne sont innombrables : l'ambition , l'avarice, la volupté nous promettent et nous vendent une ombre de bon- heur qui passe comme un éclair ; la bienfaisance nous donne des plaisirs réels qui ne s'allèrent jamais , et dont le souvenir seul est encore un bonheur. La religion la nomme charité ; c'esl par cette vertu qu'elle a conquis l'univers. Humanité sainte qui, mieux que Suchet, pratiqua les augustes leçons? qui, mieux que lui, sut l'illustrer, l'honorer, t'éclairer et te charmer ? Il réunissait à la foi du chrétien, l'honneur du chevalier, la noble fierté delà gloire militaire , le patriotisme du citoyen et celte magique vertu qu'on appelle bonté , qu'on sent , comme le rayon d'un soleil doux et pénétrant, qui console , ranime et réjouit. C'élail une grande âme , que Suchel !