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                         ÉLOGE
                                       DE



LOUIS-GABRIEL SUCHET,
              MARÉCHAL   DE    FRANCE       ET   DUC   D'ALBI'FÉRA.




                              (SUITE    ET F I N ) .




                   DEUXIÈME PARTIE.
    Il est une vertu céleste , admirable dans tous les étals de
la vie , très-nécessaire surtout aux hommes, qui , placés par
la naissance ou par le rang au-dessus des autres hommes,
ont besoin de la pratiquer sans cesse pour se rendre digne de
leur puissance, pour se la faire pardonner. Ni l'appareil san-
glant des combats, ni le sombre aspect des misères ne peuvent
arrêter ses efforts. Elle cherche le malheur sous le chaume ;
elle lui prodigue les consolations et les secours ; par elle ,
sur le champ de bataille , le vainqueur gémit d'un funeste
triomphe , et baigne de ses pleurs les victimes immolées au
salut des empires ou à l'ambition des rois. On nomme cette
vertu humanité. Elle renferme en elle seule le germe de
toutes les autres vertus, telles que la bonté et la bienfaisance.
    La bonté , fille de la justice, est la plus aimable des qua-
lités du cœur. Unie à la douceur, elle est la base et l'orne-
ment de la gloire. On pourrait même dire que , sans elles ,
 l'homme peut acquérir de la célébrité , mais non de la vraie
gloire : il est permis de vanter l'habileté de Louis XI ; mais
c'est à des rois comme saint Louis et Louis XII que la palme
de la gloire est réservée. Le peuple appelait l'un son père, et
 n'a trouvé pour l'autre de place digne de lui que dans le ciel.
     La vraie bonté ne peut donner lieu à aucune accusation