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132 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. rétabli sur le trône. La réputation de Suchet l'avait devancé auprès du nouveau souverain qui l'appela à la Chambre des Pairs, et lui confia le gouvernement de la 5 me Division, a Strasbourg. Malgré l'exaltation produite par les événements de 1815, Suchet put contenir les troupes sous ses ordres dans l'obéis- sance, et se montra lui-môme fidèle à son serment, tant que les Bourbons demeurèrent sur le territoire français. Resté sans ordres, ni instruclions du gouvernement royal , et jugeant par les premiers actes du congrès de Vienne que l'étranger se disposait à envahir la France, le maréchal ne connut plus d'autre intérêt que celui de la patrie. Oui, quand arrivait un jour où l'honneur du drapeau et le salut du pays étaient en péril, Suchet se redressait de toute sa hauteur , son regard s'animait de feu; il retrouvait les inspirations de son génie et de son patriotisme. Il se rendit a Paris le 30 mars 1815, dix jours après l'arrivée de Napoléon , pour recevoir de nou- veaux ordres. Il reçut, le 5 avril, celui de se porter à Lyon pour y rassembler une armée, dont il aurait le commande- ment. Suchet, né à Lyon, entouré d'estime, aimé dans les provin- ces qu'il venait défendre, vit de toutes parts accourir sous ses drapeaux un nombre immense de soldats volontaires, ou dé- serteurs de l'armée royale pendant l'année qui venait de s'é- couler, mais les arsenaux étaient vides, et il n'avait pas été possible d'armer plus de 10,000 soldats de ligne avec un nombre à peu près égal de gardes nationaux ; c'est avec cette petite armée qu'il fallait couvrir 50 lieues du versant des Alpes sur la France, la Savoie, le Jura et Genève, et fer- mer les gorges du Mont-Cenis, duSimplon et de Genève. Lors- qu'il serait refoulé de ces versants des Alpes, il devait se replier sur Lyon , Mâcon, Châlon, et défendre la ligne de la Saône. Lyon, changé en place de guerre, se fortifiait derrière