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              ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.                 133

Suchet pour donner un point d'appui à son armée contre les
invasions des deux routes du midi.
   C'est avec de si faibles moyens que le duc d'Albuféra, qui
avait inspiré une entière confiance aux braves Lyonnais ses
compatriotes, se porta vers les Alpes, battit les Piémontais le
15 juin, et, quelques jours après, les Autrichiens à Conflans.
Mais le sort de la France était décidé; c'est à peine si on jette
les yeux sur les impuissantes résistances dont les faibles déta-
chements de Suchet, de Lecourbe, de Uapp et de Grouchy lui-
môme essayèrent de ralentir le débordement d'un million
d'hommes que la Sambre , le Rhin , les Alpes versaient de
nouveau sur le Nord, les Vosges, l'Alsace , le Jura, Lyon, la
Bourgogne et les plaines de Paris. On admira Suchet dans
sa retraite comme dans ses victoires ; sa gloire en reçut un
nouvel accroissement, car on le vit déployer ce que l'art de
la guerre peut avoir de plus grand et de plus habile. A\ee
une petite armée il continua des progrès qui étaient le fruit
de son génie; il fit des mouvements si heureux, profila si bien
du terrain et du temps qu'il empêcha l'ennemi de le pour-
suivre.
   Il se replia sur Lyon pour diminuer autant qu'il était en
son pouvoir les maux de l'invasion, et empocher la ruine de
sa ville natale. Il sut, en effet, éviter les malheurs dont elle
était menacée: il dicta môme, en quelque sorte , toutes les
conditions de l'occupation de la cité, et sut conserver à son
pays un matériel de guerre évalué à dix millions; il s'était
réservé trois jours pour se retirer avec ses armes. Celte capi-
tulation honorable, il la dut à la considération que son mé-
rite et ses dignités lui avaient acquise auprès des généraux
qui étaient à la tête de l'armée d'invasion.
   11 en coûta au cœur de Suchet de consentir à l'entrée des
armées étrangères dans sa ville natale qu'il aimait avec pas-
sion; mais les grands événements du Nord et l'occupation de