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128 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. l'affection des ennemis de son pays, et se les attachait par sa grâce. La France en général, et Lyon en particulier, se pri- rent alors d'enthousiasme pour lui, pour ses exploits, et pour la plus savante et la plus admirable de toutes ses campagnes. La fortune allait bientôt donner son dernier sourire à notre héros! il battit encore lord Bentink au col d'OrdaL Des trou- pes anglaises étaient venues renforcer l'armée espagnole, appelée alors armée anglo-espagnole , et commandée par le général Wellington. La fortune cessa alors de favoriser les armées françaises, et se déclara pour les armées coalisées. Le maréchal duc d'Albuféra eut encore le bonheur de faire lever le siège de Tarragone vivement pressé par le général Muray qui perdit toute son artillerie. Mais il lui fallait abandonner l'Espagne, renoncer à ses conquêtes, retourner vers les Py- rénées où sa vaillante armée était nécessaire , à cause d'un danger qui menaçait la France, danger qui était la suite de la retraite de Moscow. On sait les désastres de cette retraite, où l'armée de Napoléon lutta, en se décimant dans des déserts de neige, contre les éléments et les hommes. Jamais depuis Xercès, une si longue et si complelte déroute ne sema tant de cadavres d'hommes et de chevaux sur une plus vaste so- litude. Les services signalés de Suchet et le vœu général des trou- pes lui valurent de la part de l'empereur le poste honorable et flatteur de colonel général de la garde impériale, en rem- placement du maréchal Bessière, duc d'Istrie, qui venait de trouver une mort glorieuse dans les champs de Lutzen. Ce choix était heureux et irréprochable, car il tombait sur un maréchal de France sorti du rang de simple soldat ; il repré- sentait, dans un seul homme, l'égalité plébéienne, la bravoure héroïque, la fidélité militaire donnée en gage , en exemple ' et en émulation à l'armée. Suchet occupa encore pendant six mois la Catalogne, il ne