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              ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.                 129

fit sa retraite vers les Pyrénées que lorsque les armées fran-
çaises eurent été refoulées sur tous les points, et que de si-
nistres nouvelles lui parvinrent de toutes les parties de l'em-
pire ; toute sa vaillance devint inutile : il voyait son armée de
vingt cinq mille hommes s'amoindrir chaque jour, après les
garnisons qu'il fut obligé de laisser dans les places fortes ,
après les dix bataillons qu'il envoya au maréchal Augereau,
défendant avec une petite armée la ville de Lyon, berceau de
Suchel. Celui-ci suppléa par son habileté au défaut de trou-
pes. Dans sa retraite , il ne perdit point l'attitude de vain-
queur ; l'ennemi comprit l'électricité communicalive que sa
valeur inspirait à sa petite armée. Suchel évacua le dernier
l'Espagne, soutint le moral des troupes contre les frayeurs et
 les paniques. Grâce à sa présence d'esprit et à sa valeur , il
faisait chaque jour repentir les Anglo-Espagnols de leurs atta-
ques téméraires. C'est ainsi qu'il entra en France sans avoir
éprouvé de perles sensibles. Dans celte ruine finale de 1814,
où, malgré les éclairs d'héroïsme, la fortune nous fut contraire,
il eut de belles journées, des heures qui lui rendaient le soleil
de sa jeunesse; mais la France, épuisée d'hommes et d'ar-
gent, était dans la consternatioi!, et. le peuple témoignait
 de sa lassitude de la guerre.
   L'heure était venue : Napoléon , d'une main à qui Dieu
avait retiré la force, devait rendre Ferdinand VII à la liberté.
Napoléon crut pouvoir refaire l'œuvre de Louis XIV, et il se
trompa ; il rencontra un rempart immortel contre lequel il
vint se briser. Ferdinand rentra en Espagne au milieu des
fêtes. Suchet reçut ce monarque à Perpignan, et fut chargé
de le conduire à l'armée espagnole. Ferdinand accueillit le
maréchal avec distinction , et lui témoigna sa reconnaissance
pour la manière dont il avait fait la guerre à ses peuples
révoltés. Ainsi fut rendue à son roi cette Espagne qui avait
trompé la gloire et le génie de Napoléon. Mais le jeune prince,
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