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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 127 Dans les provinces administrées par Suchet, de sages me- sures réveillèrent et excitèrent l'industrie , remirent le tra- vail en honneur : des canaux furent creusés, des chemins fu- rent ouverts pour faciliter les transports, les communications; des travaux d'assainissement, d'irrigation furent faits pour féconder le sol, œuvre à laquelle s'associa personnellement ce conquérant civilisateur. Il savait que le travail appliqué à la terre est le plus mo- ral et le plus social des travaux de l'homme, parce qu'il nour- rit plus directement le travailleur, et lui fait sentir qu'il lient son pain de Dieu. Il porta son attention sur les terres qui n'attendaient que la main de l'homme, pour enfanter de nou- velles et riches productions, sur celles qui avaient besoin d'être améliorées pour que la fertilité en fût augmentée, sur celles qui étaient entièrement infécondes, pour faire retirer de ce sol délaissé toutes les ressources que la nature avait déposées dans son sein. Par les efforts et les encouragements du maré- chal , l'industrie agricole prit un essor remarquable, et fran- chit depuis les bornes dans lesquelles la paresse , l'inertie et de fâcheux préjugés la tenaient à l'étroit. Le bien être qui se développa avec sécurité , l'accroisse- ment prodigieux de la richesse du sol, la sagesse de l'admi- nistration militaire, la justice qui présida à tous les actes, effacèrent peu à peu le sentiment de haine que la conquéle et la domination étrangère inspiraient. Les mœurs s'adoucirent sous l'influence de la loi el de l'exemple du vainqueur; les villages abdiquèrent eux-mêmes tout sentiment de vengeance personnelle. Le peuple reçut le bien qui lui venait d'une main étrangère, et qui le gouvernait avec une sagesse et une bonté qui la firent adorer des provinces sur lesquelles elle s'éten- dait. L'homme prestigieux qui avait rendu à ces provinces le calme, la sécurité, la prospérité, l'exercice de leur religion , était plus qu'un homme , car il se conciliait l'estime et