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ÉLOGE DE LOU1S-GABIUEL SUCHET. 117 cheval de bataille, vinl montrer à ses soldats cette noble figure qu'ils aimaient tant à voir, et dont la fière beauté les remplissait de confiance. —Mes amis, leur dit-il, en parcou- rant les rangs, vous ne possédez encore en Espagne que le terrain que vous avez sous les pieds. Si vous reculez d'un seul pas, vous êtes perdus! Ces paroles raniment leur courage ; le chef leur commu- nique son énergie , et les conduit à l'ennemi , qu'il bat à Maria le quatorze juin: il lui prend qualre mille hommes , trente pièces de canon, et, cinq jours après, il complète sa défaite à Belchile. Ces succès renversaienl les projets des Espagnols qui voulaient se porter sur les Pyrénées. A cette époque, l'armée d'Aragon n'avait encore reçu que de faibles secours, et néanmoins cette province avait entière- ment changé de face; nos partisans y étaient partout en ma- jorité : mais les villes de Lérida/Méquinenza et Torlose en menaçaient continuellement les frontières et servaient de r e - fuge au reste des guérilleros. Suchet pensait à entreprendre le siège de ces trois places quand il reçut une autre destination. Il est fâcheux pour un général de voir ses plans dérangés par des ordres venus de loin, et qui souvent ne sont plus exé- cutables quand ils lui parviennent; mais combien sa position est-elle plus pénible encore, s'il lui faut obéira deux impul- sions contraires: c'est ce qui arriva à Suchet. Malheureuse- ment placé entre les instructions du prince de Neufchatel et celles du roi Joseph, il se vit forcé par la cour de Madrid d'entreprendre contre Valence une expédition qu'il jugeait alors inopportune. Nous l'avons déjà dit : la conduite de ce général fit voir qu'il était l'homme de son temps à qui le ciel avait accordé de meilleure heure la prudence. Il en fil une nouvelle appli- cation dans cette rencontre. Il n'était point d'avis d'entre- prendre celte expédition lointaine pour laquelle il fallait un