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118            ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET.

 corps d'armée de trente mille hommes au moins, avec de
 l'artillerie, et il en était alors dépourvu. Il exposa ses raisons
 avec force, car il croyait que ces sortes d'entreprises étaient
 de la nature de toutes les autres . qui doivent être réglées par
 la prudence, et que dans un tel cas une entreprise manquée
 se présente avec deux sortes de mauvais succès: Le mal-
 heur présent, et une plus grande difficulté pour espérer la
 réussite à l'avenir; mais l'expédition n'en fut pas moins ré-
solue. Dès ce moment, Suchet ne vit plus d'obstacles ; il savait
 que, si la prudence est la première de toutes les vertus avant
que d'entreprendre, elle n'est que la seconde après que l'on
 a entrepris ; il marcha rapidement sur Valence avec sa petite
armée, sans artillerie, laissant sur ses derrières des partis
prêts à intercepter ses communications. Les prévisions du
noble chef ne furent point trompées, et malgré le succès d'Al-
ventosa , malgré la soumission volontaire de Murviedo, il fil
 une campagne infructueuse, mais non pas sans gloire ce-
pendant.
    Rentré en Aragon après ce mouvement excentrique , Su-
chet fut laissé à ses inspirations. Alors commença pour cette
nrmée tout à coup florissante, une magnifique série de triom-
phes. Ce fut à quelque temps de là que, reprenant le cours des
opérations qui étaient dans sa véritable sphère et devant
bientôt devenir maître des provinces orientales, il opéra une
nouvelle marche plus sûre vers Valence: sa petite et vaillante
armée s'élança le 10 mai sur Lérida, ville espagnole , bai-
gnée et arrosée par les eaux paisibles de la Sègre. Sa situa-
tion sur une colline au milieu d'une riche campagne, au bord
d'une rivière ombragée par des plantations de peupliers, lui
donne un aspect pittoresque et délicieux. Son nom rappelle
une foule de souvenirs consacrés par l'histoire des guerres
soit anciennes, soit modernes. Elle se rendit célèbre dans l'an-
tiquilé par son commerce florissanl, et par la vicloire que