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116 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. dance. Cette expédition mémorable allait accroître encore la renommée de Suchet dont le génie était alors dans toute sa force. ' En franchissant les Pyrénées, le rideau se levait devant lui. Il voyait d'autres régions et d'autres scènes , le soleil d'Aragon et de Valence, les palmiers du Guadalquivir que ses soldats devaient bientôt saluer de leurs armes. Sa mission fut d'abord de couvrir le siège de Sarragosse sur la droite de l'Ebre ; il y obtint un premier avantage. Sa division, maîtresse des hauteurs de St-Lambert, empêcha toute tentative des Espagnols qui venaient soit de Valence, soit du centre de l'Espagne pour secourir la place. Le corps du général Junot qui venait de terminer le siège de Sarragosse passa , le 10 mai 1809 , sous les ordres de Suchet qui fut alors nommé général en chef de l'armée d'Aragon, et gouverneur de cette province. 11 devait se repo- ser dans ce pays, le surveiller de la, partir si les événements prenaient une tournure favorable, et s'avancer par Cuença sur Valence. Le corps d'armée du maréchal Mortier, qui s'était peu fatigué pendant le siège de Sarragosse, restait en arrière pour soutenir Suchet ou garder l'Aragon si ce général venait à s'éloigner. Mais le départ du 5 e corps, l'agression de l'Autriche, et le délabrement d'une armée affaiblie par tant de souffrances et de combats, rendirent sa position très critique. Toutefois il sut triompher de ces difficultés et les faire servir à sa gloire. Il avait, en celle occurence de beaux jours à espérer, et la fortune allait encore lui sourire bien des fois, car son pres- tige de soldat invincible était loin de se perdre! A peine était-il arrivé à sa destination que le général espagnol Black se présenta avec vingt cinq mille hommes devant Sarragosse; les troupes abattues demandaient à opérer leur retraite; mais l'intrépide général, ferme et tranquille, monté sur son